Sur la colline de l’Esquilin
Sur la colline de l’Esquilin, à deux pas du Colisée en direction de la basilique de saint Jean de Latran, on peut encore voir des ruines, les ruines d’un temple dédié à la déesse égyptienne Isis. Le culte d’Isis fut introduit à Rome par quelques familles patriciennes avant de devenir un des cultes les plus populaires, de l’antiquité. Néanmoins le culte d’Isis fut interdit pendant quelques années par Auguste, banni par Tiber mais rétabli par Caligula pour disparaître progressivement à partir du IVe quand tous cultes païens furent proscrits par les chrétiens. Mais le culte d’Isis aurait survécu jusqu’au VIIe siècle clandestinement. A Rome, il y avait de nombreux temples dédiés à Isis, on a localisé celui ci, le plus ancien, un autre du coté du Panthéon, le plus important, un autre encore près du Capitole. Ce temple, près du Colisée, aurait été bâti par Cecilio Metello Pio, qui en 80 AC. Cet homme était consul avec le dictateur Silla. On sait que ce temple devait ressembler à celui d’Alexandrie en Égypte. Il était grandiose, scénographique, étalé sur plusieurs terrassements reliés par de nombreuses rampes, décoré par des statues, des fontaines, des portiques
Le temple d’Isis
Enfin il occupait une bonne partie de la colline de l’Esquilin (plus ou moins de la rue Labicana, à la place Vittoria). Le culte d’Isis était très populaire chez les femmes auxquelles la déesse donnait un rôle actif. Il était tellement populaire qu’Isis avait pris la place des nombreuses divinités féminines. Contrairement aux religions traditionnelles que les romains pratiquaient, l’Isisme se basait sur des valeurs morales. La déesse guidait les âmes vers le salut éternel. L’énorme ruine que l’on voit dans le petit film, est celle d’une fontaine monumentale qui se trouvait au pied des grandes terrasses qui menaient au temple même, on voit deux niches probablement décorées de statues. On sait que l’énorme nymphée était couvert de marbres polychromes et de stucs colorés. Ce temple était d’une telle importance qui donnera son nom à la troisième « regio » (l’empereur Auguste avait divisé Rome en 14 regio, quartiers). On voit aussi un petit bout des jardins du couvent de saint Joseph de Cluny qui s’installe à la fin du XIXe siècle sur la plateforme la plus haute du temple d’Isis probablement celle occupée par le temple même.
Ce temple dédié à Isis était à l’origine un sanctuaire privé. Il semble donc que devant la célèbre et riche domus Tetricorum, limitrophe de la Domus Vectilia, la résidence de Commode, fervent adepte d’Isis, s’étendait le vaste sanctuaire de la Isium Metellinum. Ce temple était un édifice immense et imposant comparable par ses dimensions au Temple de la Fortune de Préneste. Au IVe siècle après J-C, la fête du Navigium Isidis était encore pratiquée en grande pompe. Le Navigium Isidis était célébré le 5 mars et il marquait le retour à la navigation, après la mauvaise saison. Cette fête était placée sous le signe de la déesse Isis. A l’occasion du navigium les statues des dieux liés au culte d’Isis, étaient portées en procession. La fête, qui était célébrée dans l’Égypte des Ptolémées (IIIe siècle avant JC), s’était répandue dans tout l’Empire romain. Cette fête, ainsi que toutes les autres célébrations païennes, disparut en 395 après JC, à la suite de l’édit de Théodose Ier, qui déclarait les cultes païens interdits. Apulée, écrivain romain du IIe siècle. AD, dans les Métamorphoses, nous fournit une description très intéressante du navigium.
Le nymphé
Les ruines de la Piazza Iside et de la Via Pasquale Villari peuvent être celle d’un nymphé, fontaine, monumentale, probablement agrémentée de bassins, de stucs et de marbres. Disposé en terrasses, le monument s’adapte bien au caractère escarpé du lieu. La fontaine avait aussi une double fonction, celle de confinement du remblai en arrière et celle de liaison avec une structure architecturale, peut-être un triple portique, enrichi par des colonnes de granit, et par une piscine. Cette dernière a été identifiée plus en amont par l’archéologue Rodolfo Lanciani à la fin du XIXe siècle mais elle est aujourd’hui disparue. Depuis sa fondation dans les deuxièmes vingt années du Ier siècle avant JC, le vaste complexe a subi de nombreuses interventions d’entretien et de rénovations, on a raisonnablement supposé que ce Temple d’Isis avait été inclus par Néron dans la Domus Aurea voisine, pour ensuite être rendu à la fonction publique par Vespasien et ses successeurs, de 69 à 96 après JC, avec un nouvel agencement et une rénovation grandiose.
On a trouvé
Aux cours des siècles de nombreuses traces ont été retrouvées. Certaines sculptures sont conservées aux Musées Capitolins et à la Centrale Montemartini. Les premières fouilles de ce temple sont dues à Pirro Ligorio à la moitié du XVIe siècle. Elles se sont déroulées entre la Piazza Iside et l’église des SS Marcellino et Pietro. En 1653, on découvrit de belles peintures avec des stucs et des figures égyptiennes, mais comme l’endroit était très humide, il ne fut pas possible de les retirer du mur. En souvenir de cette découverte, il y a des dessins réalisés par Cassiano dal Pozzo. Entre 1886 et 1887, une tête de Jupiter Sérapis, une statue d’Isis, une statuette d’Anubis et d’autres trouvailles ont été découvertes. En 1889, c’est le tour d’une pierre de marbre avec une inscription commémorant un don fait par un affranchi et procureur impérial du nom de Mucianus.
La fontaine devant le temple d’Isis
La fontaine qui fait face à la ruine est en partie une des fontaines qui ornaient les terrassements du temple d’isis. La fontaine bivalve semble n’avoir été qu’un élément versant de l’eau de la fontaine plus grande. Dans cette fontaine, qui possède, deux valves différentes, la partie en forme de coquille devait représenter l’eau de mer et la partie lisse l’eau douce. On suppose que la forme de coquillage des bénitiers est issue du culte d’Isis. Il semblerait que les marins posaient du sel la partie dans les coquillages, en mémoire et en vénération d’Isis, déesse de la mer et des marins, de l’eau douce et de l’eau salée.
Notes
- Pour réserver vos visites écrivez à arterome2@gmail.com de 18 à 20 heures 0039 3479541221
- On découvrira ce monument lors de la visite de la visite classique de Rome ésotérique.