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chapelle de saint Sylvestre

Des fresques du XIIIe siècle

Les fresques de la chapelle de saint Sylvestre interprètent l’une des positions les plus claires prises par l’Eglise de Rome envers l’Empire romain d’occident lorsque, entre 1245 et 1250, le conflit devient particulièrement dur. En 1245, Frédéric II de Souabe, dit le Dominus Mundi, fut destitué par le concile de Lyon. Il fut retenu coupable, parjure, sacrilège, briseur de paix et hérétique. Innocent IV, de son vrai nom Sinibaldo Fieschi des comtes de Lavagna, le déposa. La réaction de Federico fut violente: «J’ai été trop longtemps une enclume, maintenant je veux être un marteau!». En un mot les fresques de la chapelle de saint Sylvestre affirment la supériorité de l’Eglise sur le pouvoir des rois et des empereurs. 

La donation de Constantin

C’est dans ce climat de guerre totale, que fut exécutée la fresque de la chapelle de saint Sylvestre.. Tout part de la Donation de Constantin. Un texte qui a probablement été compilé vers le Ve siècle, donc plus d’un siècle après la mort de Constantin, ses protagonistes, Constantin et Sylvestre. Dans la réalité, ils ne se rencontrèrent que brièvement. Constantin, le premier empereur chrétien, est peut-être devenu chrétien suite à une maturation personnelle. Constantin n’a jamais renoncé à la charge de Pontifex Maximus. Il a même présidé le concile de Nicée en 325 et il aurait été baptisé par Eusèbe de Nicomédie, un prêtre arien.  

 

La chapelle de saint Sylvestre

La fresque est la transposition du texte en images de l‘Actus Silvestri évoquée par un évêque dominicain de Gênes, Iacopo da Varazze, dans la très célèbre Legenda Aurea, environ cinquante ans après les faits de Frederic, donc presque un contemporain. Certains ont surnommé la chapelle de saint Sylvestre la chapelle Sixtine du Moyen Âge. l' »Actus Silvestri », retrace la vie de Sylvestre Ier, ses œuvres et réformes, son baptême de Constantin, la discussion entre le pape et douze rabbins. Il ne s’agit pas d’une œuvre purement artistique, aussi somptueuse soit-elle, mais un manifeste de la propagande papale de l’époque dont le but était de souligner le pouvoir de l’Eglise sur les autres gouvernants.

Le récit de la fresque

Réalisée en 1246, la chapelle de saint SYlvestre a été décoré par des artistes byzantins. Elle abrite onze scènes qui racontent la vie de l’empereur et du pape. Les Actus racontent que Constantin tomba malade de la lèpre et que les prêtres païens lui suggérèrent de le guérir en le baignant dans le sang de trois mille enfants. Mais les cris des mères impressionnèrent tellement l’empereur qu’il décida d’abandonner le traitement. La première scène, réalisée sur la porte d’entrée, montre Constantin atteint de la lèpre devant un groupe de mères et d’enfants. Dans la deuxième scène, Constantin est au lit, lorsque Pierre et Paul lui apparaissent en rêve et ils invitent l’empereur à se faire baptiser par saint Sylvestre.

Le pape sur le mont Soratte

Le pape Sylvestre s’était caché au mont Soratte, pour échapper aux persécutions. Le troisième panneau trois messagers impériaux rencontrent Sylvestre sur le mont Soratte. Dans la cinquième scène, le pape montre à Constantin, toujours lépreux, les effigies de Pierre et Paul. Ensuite suit le baptême de Constantin dans une grande vasque et sa guérison. En fait, ce moment est une interprétation du récit historique, car en réalité l’empereur aurait été baptisé par un évêque arien, Eusèbe de Nicomédie et non par le pape Sylvestre.

chapelle de saint Sylvestre

Le pouvoir temporel de l’Eglise

Dans les scènes suivantes, Sylvestre est assis sur un trône et il reçoit de l’empereur la tiare papale et le sinichio, un parapluie rituel. Au même moment, Costantin apporte en cadeau un cheval blanc. Ensuite le pape, avec la tiare et le parapluie assis sur le cheval, escorté par l’empereur à pied, rentre à Rome, après son isolement sur le mont Soratte. Ce dernier épisode symbolise la continuité du passage du pouvoir temporel de l’Empire à la papauté.  

Le pape Sylvestre et les douze rabins

Sur le mur d’en face on voit trois scènes. La première relate l’épisode de la dispute entre le pape Sylvestre et 12 rabbins pour établir la suprématie d’une religion sur une autre. Un rabbin murmure le mot « Yahvé » à l’oreille d’un taureau et il meurt sur le coup. Sylvestre lui murmure le mot « Christ » et le ressuscite. Dans l’épisode suivant Hélène, mère de Constantin, trouve la vraie Croix. Dans le troisième épisode, fort abîmé, un dragon s’est enfermé dans une grotte sur Rocher Tarpéien et tue tous ceux qui passent. Le pape Sylvestre brandissant la croix, se dirige vers le dragon, l’apprivoise et la foule le tue.

Raffaelino da Reggio

La décoration des fresques autour de l’autel sont de Raffaelino da Reggio. Elle fut commandée à l’artiste vers 1570, année où la Confrérie des marbriers entra en possession de la chapelle, comme le témoigne une inscription sur le portail de la chapelle. Une certaine discontinuité stylistique distingue les fresques de la voûte et du plafond de celles de la zone inférieure, qui semblent plus proches d’une phase ultérieure de l’artiste, lorsqu’il fut influencé par la peinture des frères Zuccari de l’Oratorio del Gonfalone et du Palais Farnèse à Caprarola. Ces peintures vont occuper l’artiste jusqu’au milieu des années 1570.

La chapelle de saint Sylvestre du Cardinal Stefano Normandis

La chapelle de saint Sylvestre a été construite et consacrée en 1246. Elle a été commandé par le cardinal Stefano Normandis, titulaire de l’église de Santa Maria in Trastevere et consacré par l’évêque d’Ostie Rinaldo dei Conti di Segni. Le texte de la donation de Constantin est conservé dans les archives du Vatican et, bien que leur fausseté ait été démontrée et documentée philologiquement par Valla en 1440, elle est d’une importance incontestable pour l’histoire des relations entre l’empire et l’Église dans le début du Moyen Âge. C’est un témoignage des aspirations, des intentions politiques et du pouvoir de la papauté, qui prônait pleine égalité avec le pouvoir politique.

Notes