Il est à Rome un palais à la façade unique, le palais Spada Capodiferro. Construit à la demande du cardinal Girolamo Capodiferro, par l’architecte Bartolomeo Baronino de Casale Monferrato, sur des édifices préexistants qui appartenaient à la famille du cardinal. Au Jubilé de l’an 1550, l’édifice était presque terminé, ainsi que les décorations en stuc qui embellissent encore aujourd’hui la façade et la cour. Ces stucs sont l’oeuvre de deux ateliers d’artistes spécialisés dans ce genre de décoration. Celui de Giulio Mazzoni, Diego di Fiandra et celui de Tommaso del Bosco avec Leonardo Sormani. Ils vont même réaliser les cycles picturaux de l’étage noble. Plus tard, le palais Capodiferro passe au cardinal Bernardino Spada qui, dès l’achat, entreprend une série de travaux.
A deux pas du palais Farnèse
A cause de la proximité de la résidence de la famille du pape Paul III, le palais Spada Capodiferro ne peut pas rivaliser en taille avec la masse imposante du palais Farnèse. Mais le Cardinal Capodiferro va pallier à ce petit handicap en réalisant une impressionnante série de statues en stuc, tant sur la façade que dans la cour intérieure du palais. Sur la façade externe on y voit un résumé de l’histoire de la Rome antique, par ses personnages, car on y retrouve les statues de Romulus, Numa, Fabius Maximus, César, Trajan. Tandis que sur les murs de la cour interne, s’étalent les statues des dieux païens Jupiter et Pluton accompagné du terrible le Cerbère, le chien à trois têtes et le gardien d’Hadès, Neptune et sa femme. Les décorations sculpturales en stuc sont inspirées de celles du palais Branconio dell’Aquila qui a malheureusement disparu. Il avait été conçu par Raphaël dans les dernières années de sa vie pour son ami Giovani Battista Branconio dell’Aquila, riche conseiller du pape et orfèvre.
Qui était le cardinale Capodiferro
Il est né à Rome le 22 juin 1502. Il était le fils d’Alfonso de’ Recanati, un noble napolitain, un avocat consistorial, qui se présenta comme conclaviste à la suite du cardinal Oliviero Carafa, bien que la rumeur courait qu’il était le fils naturel du pape Paul III, d’ailleurs il lui ressemblait, tous les deux, jeunes, étaient roux. Sa mère était Bernardina Capodiferro. Au nom de son père il va préférer celui plus illustre de sa mère, car elle appartenait à une ancienne et riche famille romaine. Très jeune, il est accueilli à la cour d’Alessandro Farnèse, le futur pape Paul III. Là, il entre en contact avec les écrivains et les artistes les plus illustres de l’époque. C’est probablement là qu’il développe son goût pour les arts. Devenu pape en 1534, Alessandro Farnèse profite bientôt des services de son protégé en le nommant, le 17 juillet 1536, gouverneur de Fano, puis médiateur pour garantir une paix durable.
Un carrière brillante sous le pape Paul III
Enfin pendant toute la durée du pontificat du pape Paul III Farnèse, le cardinal Capodiferro a eu une carrière brillante, qui va faire plus d’un jaloux. Paul III meurt 13 octobre 1549 et le 8 février 1550, le cardinal Del Monte devient pape et il prend le nom de Jules III. Avec l’élection de Jules III, s’ouvre pour le cardinal une période d’or. Intime du pontife, il partage avec lui un amour effréné pour la vie joyeuse et dissolue. On le rencontre à la table du pape, aux représentations théâtrales, aux pique-niques dans la vigne de Villa Giulia et enfin aux fêtes. En avril 1555, il participe au conclave où est élu Marcello Cervini. Un homme sévère que le cardinal Capodiferro et d’autres cardinaux voient de mauvais œil. Le pontificat de Marcellus II ne dure pas longtemps. Le pape suivant Paul IV Carafa, contraint le cardinal Capodiferro à quitter Rome en août 1557 sous prétexte de continuer ses études. Le pape Paul IV Carafa est décidé à combattre toutes les hérésies et les mauvaises coutumes. Il fait ouvrir le ghetto de Rome et combat la sodomie.
Beaucoup d’amusements sous le pape Jules III
A la mort de Paul III, le cardinal revient à Rome. Il est désormais vieux et malade, il participe au conclave qui va élire Pie IV. Le 2 décembre 1559, le cardinal meurt. Il est enterré à sainte Marie de la Paix. Le cardinal Capodiferro était un homme de la Renaissance, élevé à la cour d’Alessandro Farnèse. Il était le compagnon assidu du pape Jules III. Certainement le cardinal Capodiferro était particulièrement indifférent aux problèmes religieux qui agitaient l’époque dans laquelle il a vécu et dans laquelle certains de ses contemporains les plus sensibles ont passé leur vie à essayer de changer les choses. Donc, sa carrière ecclésiastique ne rencontra aucun obstacle sous les pontificats du pape Farnèse du pape Del Monte, mais, inévitablement, elle a été tronquée par l’austère pape Carafa Paul IV. Le cardinal était un diplomate habile mais plus enclin aux plaisirs de la vie qu’aux études théologiques.
Le palais Spada Capodiferro
Une partie du palais Spada Capodiferro est occupée par la galerie Spada. Dans l’autre partie est installé le Conseil d’Etat que l’on peut visiter uniquement le premier samedi du mois. Parmi les salles on a la Galerie de la Meridiana, ainsi appelée en raison de la présence du cadran solaire catoptrique, conçue par le mathématicien français, le Père Emmanuel Maignan. Les autres salles sont riches en décorations, des fresques et en stuc aux thèmes principalement païens. On y voit les histoires de Callisto et Persée ou d’Amour et Psyché. Ces thèmes sont tirés des Métamorphoses d’Ovide ou bien des poèmes classiques comme les épisodes de la vie d’Achille ou d’Énée, ou encore à l’histoire antique. A tout ceci se mélange la passion du cardinal pour la science, l’astronomie, les sciences occultes, dont les traces sont laissées ci et là.
Le salon de Pompée
Parmi les salles les plus importantes de l’étage occupé par le Conseil d’État figure la salle de Pompée, ainsi appelée en raison de la présence de la statue gigantesque de Pompée. Elle a été offerte par Jules III au cardinal Capodiferro en 1552. Les murs de la salle sont agrémentés de grandes structures architecturales peintes dans lesquelles se trouvent des figures. Le tout crée du mouvement et des effets illusionnistes extraordinaires qui donnent à l’espace une profondeur et de la distance. Parmi les panneaux peints on trouve la Donation de Constantin, Charlemagne rencontrant Hadrien Ier, La comtesse Mathilde de Canossa, championne de l’Église contre Henri IV et le cardinal Egidio Albornoz qui viendra en aide au pape Grégoire VII. Au-dessus de chaque scène, le protagoniste est à nouveau représenté avec le symbole qui le représente dans une niche peinte.
La statue de Pompée
Il reste de nombreuses statues de Pompée. Bien qu’il ait été l’antagoniste de César dans la guerre civile. Il avait été son beau fils, il avait gagné son respect et il n’avait pas été condamné à la damnatio. La statue gigantesque à la nudité héroïque était placée dans la Curie que Pompée. Selon les écrivains antiques, César serait tombé mort à ses pieds. Cette statue a été trouvée en 1553 dans les caves d’un bâtiment de la Via dei Leutari, une des rues où se trouvaient le Théâtre de Pompée et sa Curie. Elle fait trois mètres de haut. Il semblerait que la statue avait été trouvée allongée et presque entière, avec le corps dans une cave et sa tête dans une autre. On raconte que les propriétaires des caves revendiquaient la statue. Et c’est alors que va intervenir le pape Jules III, il va achèter la statue pour 500 écus et ensuite et va l’offrir au cardinal qui va la placer dans son palais là où elle se trouve encore.
Vraie ou fausse ?
L’écrivain latin Suétone raconte qu’Auguste fait déplacer la statue hors de la curie pour la placer devant la Curie de Pompée. Selon certains experts, la zone correspond à la découverte. La statue présente de petites taches rouges sur la partie inférieure de la jambe gauche. Certains, dans le passé ont pensé que ces taches n’étaient autre que les traces du sang de César. En fait ces taches sont dues à l’oxydation des broches en fer utilisées pour assembler les fragments trouvés. Mais à bien regarder la statue, la tête ne s’adapte pas parfaitement aux autres proportions du corps et elle est traitée dans un style complètement différent et plus tardif.