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Domus Tiberiana

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Au Forum Romain

Depuis le 21 septembre 2023 on peut visiter la Domus Tiberiana. On peut y acceder avec le billet 24h mais pour la voir entièrement il faut le billet S.P.E.R. La Domus Tiberiana est le premier véritable palais impérial construit sur le côté nord-ouest du mont Palatin. Elle date du 1er siècle après JC. Outre la partie résidentielle, le palais comprenait de vastes espaces verts, des lieux de culte, des salles destinées à la garde prétorienne, la garde impérial, ainsi qu’un véritable quartier de services donnant sur le Forum romain. Depuis la période républicaine, ce côté du Palatin était privilégié par les familles aristocratiques qui voulaient y construire leurs maisons. Et bien, la Domus Tiberiana, la première et magnifique résidence impériale de Rome, rouvre au public. Fermé pendant près de cinquante ans en raison de problèmes structurels, le palais impérial construit par Néron et agrandi par Domitien et Hadrien peut être de nouveau visité après une longue restauration. Le premier palais impérial construit sur le Palatin, avait une extension dépassant les 4 hectares.

Eclairage de la Domus Tiberiana

La Domus est en outre mise en valeur par un éclairage artistique réalisé par Acea, avec un projet d’architecture lumineuse créé par Areti. Il y a 28 projecteurs encastrés au niveau de via Nova , 12 projecteurs linéaires dédiés aux arches et 51 appareils de projection pour l’éclairage de la façade. La Domus Tiberiana doit son nom à l’empereur Tibère qui n’a sans doute jamais posé la moindre sandale ni traîné le moindre pan de toge. Mais probablement dans les environs se trouvait la maison natale de l’empereur Tibère. En effet, les recherches archéologiques ont confirmé que la construction du palais impérial n’a commencé qu’avec Néron. Édifiée à la suite du célèbre incendie de 64 après JC, elle est contemporaine à la Domus Aurea. Ce sont ensuite Domitien et Hadrien qui vont la rénover et la décorer de splendides marbres et de fresques. Toujours entre le IIe et le IIIe siècle, l’empereur Septime Sévère agrandit le palais, qui resta accessible jusqu’au VIIIe siècle, lorsque le pape Jean VII lui-même, responsable de la décoration de la Santa Maria Antiqua, l’église voisine, choisit de vivre dans quelques pièces de la Domus Tiberiana. 

Nouvelle ouverture

Après une longue période d’abandon, les Horti Farnesiani, au milieu du XVIe siècle, intègrent ce qui reste du complexe. Ce sont les fouilles entreprises de 1860 et 1870 par l’archéologue Pietro Rosa, qui vont mettre à jour le Clivo della Vittoria, dominé par des arches grandioses de 15 mètres de haut. Encore très dégradé il y a quelques années, la Domus Tiberiana a fait l’objet d’une minutieuse campagne de fouille et de nombreux travaux de restaurations menés par une équipe d’archéologues romains. La réouverture de cet ensemble permettra d’inaugurer un nouveau parcours de visite, avec la mise en valeur d’«un environnement intact, qui n’a pas été touché ni par les fouilles du XVIIIe siècle, ni par celles du XIXe », a expliqué la directrice du Parc, Alfonsina Russo. Les fouilles ont révélé, au fil des strates, un dépotoir constitué de restes de banquets du XVIIe siècle, un petit charnier médiéval composé de sept dépouilles, un certain nombre de monnaies du VIIe siècle, ainsi qu’une lampe à huile du IVe siècle encore placée dans une niche sur un des murs.

Nouveau parcours de visite

Le long du parcours, Alfonsina Russo, Maria Grazia Filetici, Martina Almonte et Fulvio Coletti ont mis en place une exposition, intitulée Imago imperii, qui se développe sur 13 espaces. Le but est de raconter l’histoire de la Domus à travers les siècles. « Il s’agit d’une autre étape importante vers la pleine utilisation de la zone archéologique au coeur de Rome, la plus grande du monde. Grâce au travail acharné incessant du Parc archéologique du Colisée et aux énormes ressources qui continuent d’être investies dans la valorisation du site, d’aujourd’hui citoyens et visiteurs du monde entier pourront profiter d’un monument qui rouvre au public près d’un demi-siècle après sa fermeture » a souligné la directrice du Parc archéologique du Colisée, Alfonsina Russo. Le nouveau parcours de visite serpente à travers le quartier des services surmonté par les énormes arcades. Quatre de ces salles communiquent entre elles et offrent une vue privilégiée sur le Forum Romain, tandis que deux autres salles multimédia, du côté opposé, projettent un documentaire et une reconstitution holographique du monument. Un parcours tactile accompagne l’exploration.

Les salles de la Domus Tiberiana

Les salles mettent en valeur l’extraordinaire architecture, les services qui comprenaient les bains impériaux, ainsi que les surfaces décorées en stuc qui ornent le pont dit de Caligula. La vie quotidienne dans le palais est documentée par une vaste sélection de découvertes, notamment des céramiques, des objets en métal et en verre, des statues et des décorations en argile, toutes récupérées lors des fouilles des trente dernières années. Ces trouvailles offrent des informations précieuses sur les biens et la consommation de l’époque, sur les transactions économiques à travers les nombreuses monnaies retrouvées. Les espaces sont éclairés de manière suggestive, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Sangiuliano, ministre de la Culture ajoute : « c’est un monument important de notre géographie identitaire et nous y investirons de plus en plus, y compris avec les nouvelles technologies et le multimédia, pour augmenter la qualité des services fournis aux visiteurs«  afin de le rendre de plus en plus attractif et utilisable« .

Le pont de Caligula

À la fin du XIXe siècle, l’archéologue Pietro Rosa concentra ses recherches sur le côté nord de la Domus Tiberiana, face au Forum Romain. Il nous informe « … on a trouvé exactement la façade principale du Palais qui pourrait être la maison de Caligula. .. cette élévation de 16 mètres de haut, ornée de deux ordres d’arcades, renfermant une loggia au-dessus de la première, avec un élégant parapet en marbre … elle conserve encore de riches restes de stucs et de peintures« . Le soi-disant pont de Caligula est en réalité un portique de l’époque Domitien attribué par Pietro Rosa à Caligula sur la base d’un passage de l’écrivain latin Suétone. Après la mort de Néron, le palais fut profondément modifié. L’aile nord abritait une loggia avec des pièces hautes et étroites décorées de mosaïques et de peintures et de stucs. Les graffitis gravés sur le plâtre, montrent des listes de comptes et des noms de pièces. Ils suggèrent que ces salles étaient utilisées par le fisc impérial. Plus tard les salles furent utilisées comme entrepôts. Le bâtiment abrita ensuite une bibliothèque et les archives impériales, qui brûlèrent sous Commode.

Isis, Sérapis, Mitra, Dionysus

La mode égyptienne et les cultes d’Isis et de Sérapis se répandent à Rome dés le premier siècle avant JC. Parmi les empereurs qui en furent fascinés, on trouve Domitien et Hadrien. Mais l’apogée de la popularité des cultes égyptiens fut atteint sous la dynastie Sévère (193 – 235 après JC). Les objets exposés dans cette salle datent de cette période. Les découvertes proviennent de fouilles faites dans le secteur nord-est de la Domus Tiberiana. Dans cette zone, on suppose qu’il y devait y avoir un petit temple dédiée à Isis. D’autres sont liées à d’autres cultes à mystères, notamment celui de Dionysus et celui de Mithra. Dans une des vitrine on voit deux statues l’une à coté de l’autre. Elles représentant Cautes et Cautopates, les deux assistants qui accompagnent Mithra. Elles proviennent de fouilles réalisées en 1886 entre la Via di San Teodoro et les pentes du Palatin. Les statues exposées conservent des traces de rouge sur leurs vêtements. Tandis que Cautopates tient une torche allumée pointée vers le haut, Cautopates tient une torche pointée vers le bas. Les deux personnages représentent l’aube et le crépuscule et sont étroitement liés au mythe de la resurection, élément central de la religion mithriaque.

Traces d’un quartier

Dans cette salle, sont exposés des objets trouvés en couches sous la Domus Tiberiano. Ces objets, datant de l’II AC au Ier siècle après J.-C., proviennent du quartier résidentiel de l’époque républicaine. Ils proviennent des maisons du Vélabre, la petite plaine qui s’étend entre les pentes nord-est du Palatin en direction du Tibre. Parmi les objets exposés, on voit des éléments architecturaux, des poteries et des outils domestiques. Des poids insérés dans un ancien métier à tisser qui a été reconstitué. Des bocaux en terre cuite utilisés principalement pour la cuisson des aliments. Ou bien on voit des petits couvercles et des pots cylindriques dont on ne comprend pas trop l’usage. On remarque aussi une lampe à double bec, des fragments architecturales. On a reconstitué un metier à tisser dans lequel on a inséré des poids pour fixer les files.

Les décors de la Domus Tiberiana

Le gigantisme architectural, l’utilisation de décorations et les marbres brillants savamment accostés sont des outils pour susciter l’émerveillement. La stupeur, l’efficace moyen d’expression du pouvoir qui frappe le spectateur, vise à exalter le Princeps. L’empereur se montre alors au public à travers une scénographie grandiose comme un dieu et un seigneur. C’est ainsi que le maître de Domitien, l’architecte, a construit un code architectural d’une sorte de palais-temple, « un palais infini qui touche les étoiles et qui est en tout point semblable à la grandeur du ciel » Martial « Epigramme ». Entrons maintenant dans les dépôts conservés sur le Palatin et choisissons des marnes et des pierres de l’époque de l’empereur Domitien. Ensuite, entrons dans l’atelier du marbrier, celui que l’on peut appeler le maître du décor et de l’émerveillement. Allons admirer la savante utilisation des marbres blancs et colorés et les différentes façons de traiter les surfaces pour obtenir des jeux de lumière qui ajoutaient étonnement et magnificence à la monumentalité des pièces de ce fantastique palais.

Les secrets d’une décharge

Les fouilles réalisées à l’aide de techniques à l’avant-garde ont permis d’avoir une vision inédite de la vie quotidienne comprise entre la fin du Ier siècle après J.-C. et les XVIe – XVIIe siècles. La longue phase d’abandon due à une importante décharge du Ve siècle a fourni des données incroyables sur la consommation de denrées alimentaires. Ainsi on voit qu’elles venaient de tout le bassin méditerranéen. On a aussi retrouvé de nombreuses carcasses d’animaux, surtout des chevaux. L’abandon après la fin du XIIIe siècle est dû à la présence d’humbles sépultures. Parmi les objets exposés, on voit des amphores à vin de l’île d’Ikaria dans la mer Égée ou de Calabre ou encore des amphores africaines contenant des traces de vin. A côté, on trouve également des amphores à poisson du Portugal ou des amphores à huile d’Afrique. Lors des fouilles, des objets de la vie quotidienne ont également été retrouvés, tels que des objets liés au jeu, une tirelire contenant trois cents pièces, des fragments de poterie et du verre gravé.

Notes

  • La visite est possible tous les jours sauf le 1 janvier et 25 décembre
  • L’entrée est possible avec le bille Colosseo Foro Palatino 24h et pour une visite plus complète de la Domus Tiberiana avec le billet S.U,P.E.R.
  • Lors de la visite classique Colisée Forums et Palatin, on y passe
  • Lors de la visite Palatin et Forums on visite