Un quartier de Rome
Torpignattara est un des quartiers périphériques de Rome où vivent pacifiquement italiens, roumains, philippins, chinois, arabes, péruviens et bengalais, les plus nombreux. Facilement joignable en petit train depuis la gare Termini ou en métro, Torpignattara doit son nom au mausolée de sainte Hélène. Dès le Moyen Age, le mausolée de Sainte-Hélène est surnommé la tour des « Pignatte ». Ceci à cause de la présence de grosses amphores utilisées lors de la construction pour alléger le poids de la voûte. Dès le IIe siècle AC, on trouvait dans cette partie du territoire romain, le long de l’ancienne voie Labicana, des cimetières. L’un d’eux, au IIe siècle après J-C. devient le cimetière des Equites Singulares, la garde impériale à cheval. Ce dernier donnera les catacombes de San Pietro et Marcelino, deux soldats martyrisés sous Dioclétien. Le mausolée de sainte Hélène fut édifié juste à côté. Dans ce même quartier se trouve les catacombes hébraïques de Rome. Pour rserver vos visites : arterome2@gmail.com de 18 heures à 20 au +39 347954122.
Le mausolée de sainte Hélène
Le mausolée de Flavia Iulia Helena Augusta, mère de l’empereur Constantin, est logé au troisième kilomètre de la Via Casilina. La chaussée suit le tracé de l’ancienne voie Labicana, la route antique menant à Labico (Colli Albani). Édifié de 315 à 325 après JC. pour accueillir le corps de sainte Hélène, il avait peut-être été pensé pour l’empereur lui-même. Hélène meurt en 330. Elle est proclamée sainte au XIe siècle. Le mausolée, de forme circulaire (deux cylindres superposés), a un diamètre de plus de 20 mètres et fait 25 mètres de haut. Dans le cylindre inférieur, il y avait huit niches de 4,80 m de large. Les niches rectangulaires qui s’alternent aux niches semi-circulaires, devaient contenir les tombeaux. Le sarcophage de sainte Hélène est en porphyre égyptien rouge foncé. Depuis 1778 il est visible aux musées du Vatican. D’après la tradition, le corps de la sainte a été placé dans l’église Ara Coeli, sous le pape Innocent II.
Au cours des siècles
Dans l’antiquité la zone était principalement occupée par des nécropoles, des catacombes et des mausolées. Mais on pouvait aussi y voir l’aqueduc Alessandrino et la tenue de l’empereur Maxence, nommée des deux lauriers. Peut-être deux vraies plantes étaient présentes à l’entrée de la propriété. Au Moyen Âge les tours de défense se détachaient du paysage. Le territoire était aussi peuplé par des domaines agricoles, des fermes fortifiées dont quelques-unes sont encore visibles dans la campagne romaine. Le quartier de Tor Pignattara prend forme au XIXe siècle, au départ, un village agricole. Dans une enquête de 1884, ce village était présenté comme un exemple. Les marais avaient été asséchés et la technologie utilisée pour la production agricole était à la pointe. Le village agricole devint part entière de la ville de Rome en juillet 1927.
Acqueduc Alessandrino
Les aqueducs romains représentent encore aujourd’ hui d’admirables exemples architecturaux. Ces constructions témoignent de la magnificence d’un empire grandiose. Au point qu’ils font dire à Diogène d’Alicarnasse : »la grandeur de Rome se mesure à trois choses, les aqueducs, les routes et les égouts ». L’aqueduc Alessandrino qui traverse le quartier de Torpignattara est le dernier des grands aqueducs romains. Édifié par l’empereur Alexandre Sévère (222-235 après JC) pour alimenter les thermes néronien-alexandrins l’aqueduc puisait l’eau dans le Pantano Borghese situé sur via Prenestina. L’aqueduc parcourt environ 22 kilomètres sous terre jusqu’à Torre Angela. Il continue, avec de grandes arches externes jusqu’à Tor Pignattara pour finir sous terre encore jusqu’à Porta Maggiore. Certaines sections de l’ouvrage hydraulique ont fonctionné pendant plusieurs siècles.
Torpignattara
La découverte du quartier démarre à Largo Perestrello. Cette place exprime la complexité, les transformations difficiles de ce quartier. Jusque dans les années 80, ce n’était que de baraques, des maisons basses fournies d’un potager que les habitants appelaient « le Village« . Il n’y avait pas de transport public, pas de routes pavées. Le quartier était habité essentiellement par des Italiens du sud et des Abruzzes. Ce n’était que des dizaines d’habitations mal mises qui tournaient autour d’une fontaine. Le « Village « a été démoli dans les années 1980 pour faire place à une place. Jusqu’en 2010 s’y tenait le marché. En 2010, changement de programme, l’espace devient le lieu symbolique d’une renaissance culturelle. On y organise de nombreux événements afin de permettre aux différentes communautés de dialoguer. Depuis, la place est le lieu signe de la réappropriation du quartier par les citoyens. Les initiatives qui s’y teinnent, vise à la participation et au dialogue interculturel.
Le parc de Torpignattara
Le parc Giordano Sangalli est le bel espace vert du quartier de Tor Pignattara, installé dans la zone appelée Vigne Alessandrine. Ce petit poumon encadré par les vestiges du dernier tronçon de l’aqueduc Alexandrino était autrefois entouré de vastes vignobles. Ce fut longtemps un lieu dégradé envahi par les ordures, parsemé de seringues. Mais au cours des dernières années, à partir de 2010, le parc Giordano Sangalli a été «pris en charge» par les associations de citoyens qui se chargent de son entretien. Donc, c’est le comité de quartier de Tor Pignattara qui gère l’entretien en employant des chômeurs rémunérés pour les heures de travail. Dans le parc se tiennent du cinéma en plein air, des festivals de musique et de théâtre, des visites guidées … Le parc figure dans la publication internationale Reframing Cities du célèbre urbaniste américain John Forrester. Il a été choisi comme cas d’étude dans la gestion de l’espace public. Le parc Giordano Sangalli est aussi choisi pour de nombreux films.
La banlieu
A première vue, le quartier de Torpignattara est loin de ressembler aux banlieues dégradées qui bordent de nombreuses villes de par le monde. On n’y rencontre pas ces monstres de ciment qu’on ose appeler logement. Torpignattara c’est plutôt une banlieue composée de maisons à deux ou trois étages qui poussent comme des champignons autour de l’aqueduc romain et de son parc. Longtemps habités par des Italiens arrivés des différents coins du pays, aujourd’hui c’est un quartier multiethnique. On y voit la présence de nombreux émigrés venant principalement du Bangladesh et d’Afrique du Nord, ainsi que des Européens de l’Est, des Indiens. Ceci a donné naissance à un surpeuplement des appartements souvent sous loués. Il y a bien quelques problèmes mais … Dans ce contexte, il existe un exemple vertueux de coexistence multiculturelle, à savoir l’école de Pisacane. C’est une école multiethnique, un laboratoire multiculturel, un incubateur de nobles sentiments qui prépare un futur meilleur entre personnes de provenances de couleurs de la peau et de religions différentes.
Street art a Torpignattara
Au cours des ces dernières années, Torpignattara est devenue un véritable musée d’art de rue à ciel ouvert grâce au travail d’artistes de renommée internationale. Une révolution à laquelle a contribué surtout la galerie Wunderkammern. Auquel il faut ajouter la contribution du projet M.U.Ro et des groupes locaux tels que le comité de quartier de Tor Pignattara et l’écomusée Casilino. Dans les murals de Tor Pignattara on peut y voir des œuvres qui reflètent l’histoire du quartier (la peinture murale de L.go Pettazzoni), ses rêves (les visages du Cinéma Impero), d’autres qui proposent des réflexions sur sa complexité humaine et culturelle (Herbarium). Le Street Art qui naît comme une forme d’art spontanée et illégale, a pris au fil des années de nombreuses formes dont se démarque le courant du « néo-muralisme », c’est-à-dire la création de grandes fresques sur les façades.
La chapelle Sixtine du quartier
Nicola Verlato dit avoir eu le projet Pasolini en tête pendant plusieurs années. La réalisation en noir et blanc offre une œuvre en trois dimensions, presque une sculpture. Couvrant un mur protégé par une grille en fer protège s’étale la fresque dédiée à Pasolini, Hostia, par Nicola Verlato. L’œuvre mesure une dizaine de mètres de haut et six mètres de large. On y voit Pasolini tué, tomber, son meurtrier présumé détenu par la police regarde la chute et les journalistes, la presse sur les lieux aussi. Pasolini est beau, il tombe la tête en bas et se retrouve enfant, sur les genoux de sa mère apprenant à écrire. Son regard se tourne vers Pétrarque. C’est la chapelle Sixtine de Tor Pignattara, se souvient Nicola, le barbier de confiance de Pasolini, dont la boutique est toujours là depuis 50 ans.
Les trois quartiers
Quadraro, Vigne, Tor Pignattara, le nom de trois quartiers de Rome c’est une œuvre, créée par Walls. Elle a été promue par l’Association Punto di Svista. L’attention de cette peinture est portée sur le local. C’est un premier exemple d’une peinture communautaire. Tout est mélangé les personnages populaires et quotidiens Toute une série de symboles y figure comme le nid de guêpe qui rappelle la résistance des partisans pendant la deuxième guerre. Des actes qui ont uni les habitants des trois quartiers. Après la première polémique sur la prétendue dimension funéraire de l’œuvre, la fresque de Walls est progressivement devenue un hommage à une mémoire collective, non pas liée à de « grands symboles » mais à un quotidien de relations, d’engagement et d’appartenance. .
Melting Faces § Stories § Discric
Pas loin de l’école Carlo Pisacane, il y a un vieux mur qui entouraient autrefois les propriétés privées. Aujourd’hui il est décoré d’une peinture murale de David Vecchiato, Nicola Alessandrini et Lucamaleonte. On y voit trois visages. Cette peinture a été financée par le Comité de quartier Tor Pignattara suite au meurtre raciste de Muhammad Khan Shahzad. L’idée est que le quartier est un espace d’accueil qui s’oppose à la barbarie qui le voit comme un ghetto islamisé. Tor Pignattara a toujours été le lieu de la migration. Hier de la province ou du sud de l’Italie, aujourd’hui du monde. Les trois artistes vivront pendant un mois avec des citoyens représentant des communautés qui leur raconteront leur histoire, leurs rêves et leurs besoins.
Chansons pour les Sirènes
L’œuvre couvre entièrement un petit bâtiment de deux étages situé sur via di Tor Pignattara. C’est une œuvre de l’artiste péruvien Carlos Atoche. L’idée vient d’une locataire de l’immeuble qui s’adresse au Comité de quartier de Tor Pignattara. Carlos comme lieu pour sa représentation de la mer. Les statues, les monuments, les objets sont là comme s’ ils étaient le témoignage d’une ancienne civilisation retrouvée. L’eau devient l’élément qui annule les distances et rapproche les uns des autres, C’est une expression d’humanité qui annule les distances géographiques, culturelles et chronologiques. Plus de trois cents habitants du quartier vont contribuer financièrement. Cette vaste participation a fait de cette œuvre le symbole de Torpignattara.
Tom Sawyer
Au numéro 60 de la Via Gabrio Serbelloni, une silhouette élancée de plus de 6 mètres de haut semble tomber, c’est une œuvre de Jef Aerosol un artiste français. Tandis que sur le côté gauche, une phrase tirée de Moon Palace de Paul Auster dit : “Vous ne pouvez pas mettre les pieds sur terre tant que vous n’avez pas touché le ciel”. C’est un livre qui raconte l’histoire d’un personnage dont l’identité est toujours fluctuante. Cette fragilité et cette ambivalence, si d’un côté sont des traits de Tom, de l’autre sont aussi les caractéristiques de Tor Pignattara. Ce quartier qui bouge constament entre centre et périphérie, tranquillité et électricité, romanisme et internationalité. C’est l’un des murs les plus populaires du quartier. Il a été inauguré aux sons d’une fanfare, avec une procession laïque qui a amené l’artiste en « triomphe » à la fête d’Alice dans la ville de Marranella qui se tenait à proximité.
It’s a new day
Sur un des murs d’enceinte d’une église qui longe la via Antinori, on peut voir une oeuvre de Alice Pasquini. Cette artiste de rue de renommée internationale a réalisé sur toute la longueur une grande œuvre pour le projet MURo. Près de cette église, il y a un jardin d’enfants et un parc très populaire fréquenté par tous les petits du quartier. L’artiste romaine a voulu réaliser une fresque pour la communauté de Torpignattara. On y voit des enfants souriants jouant joyeusement, des montgolfières colorées et un gros chien accroupi près de sa maîtresse. Les couleurs sont douces et les lignes fortes des personnages. Cette peinture a été réalisée avec des sprays et finie avec des marqueurs. C’est un nouveau jour, le titre de l’œuvre, est un souhait, un espoir qui doit partir avec les plus petits. It’s a new day c’est le souhait d’un nouveau monde plein de bonheur.