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femmes artistes

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Une exposition à Rome

L’exposition qui se tient au palais Braschi jusqu’au 25 mars 2025, se concentre sur les femmes artistes qui ont travaillé à Rome à partir du XVIe siècle jusqu’au XIXe siècle. Elle est ouverte tous les jours du mardi au dimanche de 10.00-19.00 heures, dernière entrée à 18 heures, une heure avant la fermeture. Le 24 et 31 décembre l’exposition « femmes artistes » est ouverte de 10.00-14.00 heures, fermée le lundi 25 décembre. L’adresse du palais Braschi est Piazza di S. Pantaleo, 10, en plein centre de Rome à deux pas de la place Navone et de la place Campo dei Fiori. Le billet est à 13 euros avec réduction 11 euros, sans la visite du Musée de Rome.

Les femmes artistes du passé

Paradoxalement, dans les siècles passés, de nombreuses femmes artistes peuplaient les ateliers. Comment ces femmes ont-elles réussi à surmonter les limitations que leur imposait le contexte social de l’époque? Le mérite revient en parrtie à l’esprit d’innovation qui a accompagné la Renaissance. Il a permis à chacun de se passionner et de pratiquer librement, y compris les femmes, l’espression artistique qui mieux lui convenait. Évidemment, malgré ces révolutions culturelles, les femmes n’étaient pas considérées comme les égales des hommes. Elles étaient « des exceptions » dont les capacités artistiques avaient été héritées d’un père ou d’un parent artiste lui-même. Ces femmes artistes ont souvent été vues comme des créatures irrationnelles et imparfaites. Par conséquent, l’art « féminin » était considéré comme inférieur.

Plus de cent trente oeuvres exposées

L’exposition propose environ 130 œuvres, créées par cinquante-six artistes différents. Les femmes artistes et quelques artistes hommes, présents dans cette exposition, étaient tous actifs dans la ville Eternelle de manière permanente ou pour des périodes plus ou moins longues. Les oeuvres proviennent des collections des Musées Civiques et des galeries d’Art Moderne, du Musée Napoléonien, de la Pinacothèque des Musées du Capitole et surtout, du Musée de Rome lui-même, pour ensuite se connecter à celles de nombreux autres musées et collections nationaux et internationaux, dont l’Académie de San Luca de Rome, l’Académie de Brera de Milan, les Galeries des Offices de Florence, la Pilotta di Parme , les Musées royaux de Turin, la National Portrait Gallery de Londres et le Musée Thorvaldsen de Copenhague.

Des métiers difficiles pour les femmes

Une réalité difficile à raconter, celle des femmes artistes. Elles sont peu mentionnées dans les documents, reléguées à des rôles mineurs et leurs œuvres sont parfois confondues avec celles de leurs maîtres, qui sont des membres de la famille. « Pour faire réapparaître les artistes, il a fallu interpréter de nombreux silences à travers de rares citations de sources et de documents, à travers des signatures, qui étaient le seul moyen officiel d’affirmer publiquement leur travail, ou encore grâce à quelques souvenirs dans des journaux intimes, des correspondances, des informations indirectes. sources et en lisant les autoportraits, il a été possible de commencer à écrire cette histoire ». C’est à l’artiste énigmatique des premières décennies du XVIIe siècle, Pietro Paolini, d’accueillir le visiteur à l’entrée du parcours. La jeune peintre de natures mortes regarde intensément vers le spectateur, exhibant fièrement les outils de son métier.

Une femme peintre Lavinia Fontana

La première salle où s’alternent des œuvres inédites, est dédiée à la Bolognese Lavinia Fontana avec un autoportrait sur cuivre. Lavinia Fontana est aussi la fille de Prospero Fontana, un peintre de Bologne. Prospero Fontana n’était pas seulement un peintre afirmé, mais aussi un humaniste, un homme cultivé, bien intégré dans les cercles culturels de la ville. Il fréquentait des intellectuels et des peintres, dont Annibale et Ludovico Carracci, Lorenzo Sabbatini et Giambologna. Dans son atelier se trouvaient une abondance de livres d’art, de copies de chefs-d’œuvre et d’objets anciens qu’il collectionnait. Tout cela a joué un rôle déterminant dans la formation de Lavinia, une femme donc privilégiée car elle avait un accès immédiat et illimité non seulement à la pratique de la peinture, mais aussi au monde de la culture, contrairement à la quasi-totalité de ses contemporaines.

Une femme peintre Artemisia Gentileschi

Dans la deuxième salle on retrouve Artemisia Gentileschi, retraçant les étapes de sa brillante carrière avec trois œuvres. On voit dans le tableau Cléopâtre la deuxième phase romaine, un exemple de la statuaire classique, mais dramatique, sensuel, mûr dans le rendu de la nudité. De la décennie suivante on a l’Aurora, une œuvre à l’iconographie inédite. Enfin, de la période napolitaine Judith et la servante à tête d’Holoferne, reprise aux tons plus sombres d’un tableau de son père Horace. Artermisia est la première femme admise à l’Académie des Arts du Dessin de Florence fondée par Giorgio Vasari en 1563. Artemisia était une grande artiste, originale. C’est la première à peindre d’authentiques visages féminins, arrachés aux interprétations masculines de simples objets sexuels. Elle devient alors une pure interprète du féminin.

Femmes peintres de natures mortes

Dans les salles qui suivent on a la présence de Giustiniana Guidotti avec une toile « l’Allégorie de la poésie et de la musique ». Elle est parmi les premières femmes admises à l’Académie des beaux-arts de san Luca. Son tableau est signé, un outil dont les artistes disposaient pour se rendre visibles au public. Restant encore du XVIIe siècle, on a une salle entièrement dédiée aux natures mortes dans lesquelles excellent Laura Bernasconi et Anna Stanchi, ainsi que des fruits, des fleurs et des animaux de Giovanna Garzoni d’Ascoli. La section consacrée aux XVIe et XVIIe siècles se termine par deux autres salles, l’une réservée à un autre genre largement pratiqué par les femmes peintres, le portrait, parmi lesquelles on trouve la seule œuvre connue aujourd’hui de Claudia Del Bufalo, sa sœur Faustine en sa robe de mariée. Vient ensuite un focus sur les graphismes, les miniatures et un petit aperçu du célèbre architecte Plautilla Bricci avec son projet de la Villa del Vascello.  

Femme peintre Angelika Kauffmann

Dans une autre salle on peut voir cinq tableaux qui illustrent le parcours artistique d’Angelika Kauffmann, peintre internationale installée à Rome. Sa maison-atelier était un lieu de rencontre pour de nombreux intellectuels. Angelika Kauffmann était parmi les femmes artistes les plus modernes et émancipées du XVIIIe siècle. Dans un monde où il était très difficile pour les femmes d’accéder aux académies de peinture, Angelika a pu se frayer un chemin grâce aussi à la reconnaissance de ses talents par son père, Josef Johann Kauffmann, peintre lui aussi. Ce dernier réalise très tôt le talent artistique d’Angelika et, comprenant l’impossibilité de la faire étudier dans une académie et la difficulté de faire connaître les talents de peintre de la jeune fille aux cercles les plus importants de l’époque, il deveint son enseignant. Il décide de la faire voyager avec lui et son épouse, notamment en Italie, afin qu’elle puisse voir les œuvres des grands maîtres.

Femmes peintres et graveuses

Quant aux femmes artistes du XVIIIe siècle, une large place revient à la graveuse Laura Piranesi la fille du graveur Luigi Piranesi. Laura, contrairement à son frère Francesco qui avait reçu une formation académique, avait appris les techniques de gravure, probablement dans l’atelier de père. D’après le témoignage de Giovanni Ludovico Bianconi : « une de ses filles grave avec élégance sur les traces singulières de son père, nous laissant imaginer son rôle important, quoique silencieux« . On voit aussi les œuvres d’autres femmes peintres qui, avec leur travail, consolident leur présence dans les académies et leur succès sur le marché de l’art, parmi lesquels Élisabeth Vigée, Caterina Cherubini et Maria Felice Tibaldi. L’histoire à travers le XIXe siècle se déroule avec les multiples visages d’artistes, autoportraits ou représentés par d’autres, mais aussi chanteuses, actrices, salonnières filmées dans des images iconiques qui restituent la force et la détermination de toutes les femmes qui ont contribué aux nombreux changements de société.

Femme peintre Marie Felice Tibaldi

Maria Felice Tibaldi Subleyras fille du célèbre violoniste modenais Gian Battista Tibaldi est née à Rome en 1707 et elle a grandi à Rome dans un milieu d’artistes. Élève de l’abbé Felice Ramelli, célèbre pour ses miniatures, elle se distingue dans ce genre artistique qu’elle exerce avec un succès considérable. Dans un premier temps elle s’applique à la peinture à l’huile, mais à cause de son allergie à l’odeur, elle se tourne vers la détrempe et les pastels. Elle se marie avec le peintre Pierre Subleyras en 1739. Maria sert souvent de modèle à son mari. Elle devint membre de l’Académie de San Luca en 1742 et en 1743 les deux époux sont admis à l’Académie dell’Arcadia, où Maria Felice prend le nom d’Asteria Aretusa. Modeste et réservée, veuve en 1749, elle se consacre à l’éducation de ses enfants et fait vivre la famille avec le fruit de son travail. Elle doit lutter contre les rivalités. Pour lui enlever des commandes, certains ont répandu le bruit qu’elle était aveugle et mourante. 

Femme peintre Emma Gaggiotti

Pour renforcer encore la force et la détermination de toutes les femmes qui ont contribué aux nombreux changements de la société, de nombreux tableaux nous montrent la présence de chanteuses, d’actrices et de salonnières comme si elles étaient filmées. On a des peintures de la romaine Emma Gaggiotti, très active dans le Risorgimento. Elle signe un portrait photographique comme « peintre et patriote ». Le Portrait de famille de Emma est exposé pour la première fois, en plus de la Vénus des Offices et de la Sainte Famille du Vatican. Les deux œuvres qui sont conservées dans des entrepôts viennent d’être restaurées. Tandis que l’Autoportrait des Offices n’a trouvé sa place que récemment dans les salles d’autoportraits du musée. Emma Gaggiotti est née à Rome en 1825 et pour soutenir ses capacités de dessin, sa famille lui a permis de suivre les leçons de Tommaso Minardi, professeur de dessin estimé à l’Académie de San Luca.

Pour conclure

La visite se termine par les trois dernières salles, divisées en thèmes. des sujets religieux et historiques, des portrait et enfin des paysages et des natures mortes. Dans la Rome du XIXe siècle, les femmes artistes jouissaient d’une plus grande liberté que par le passé par rapport aux siècles précédents. Les femmes qui se consacraient à l’art étaient de plus en plus nombreuses. Mais dans de nombreux cas, elles sont encore des figures à découvrir. Comme par exemple Erminia De Sanctis et Virginia Barlocci, dont diverses œuvres sont conservées dans les collections des musées du Capitole. Leurs tableaux réapparaissent sur le marché des antiquités et constituent une nouveauté absolue. Enfin, l’exposition se termine avec un plan de la ville avec de nombreux points marqués pour poursuivre la visite de la ville, avec des indications de toutes les œuvres d’artistes féminines exposées dans les lieux publics et accessibles. 

Notes

  • L’exposition Roma Pittrice du 25/10/2024 au 23/03/2025
  • Ouvert du mardi au dimanche de 10h00 à 19h00
  • Dernière entrée une heure avant la fermeture
  • Le 24 et 31 décembre 10h00-14h00
  • Jours de fermeture Lundi 25 décembre