Les obélisques de Rome
Paradoxalement il y a plus d’obélisques à Rome qu’en Egypte, en tout treize. Huit sont de l’époque des pharaons, cinq viennent d’Egypte mais ils sont d’époque romaine. Les obélisques ont été introduits dans la ville éternelle à partir du Ier siècle avant JC. Les romains les avaient placés surtout sur l’épine des stades de courses de chars ou dans les temples dédiés à Isis et Sérapis. Mais avec l’arrivée du christianisme, presque tous les obélisques ont été abattus. Ils étaient vus comme des symboles des religions païennes. Sauf celui qui à l’époque se trouvait à côté de la grande basilique de saint Pierre. C’est à la fin du XVIe siècle avec le pape Sixte V et son grand architecte Domenico Fontana que les obélisques de Rome vont trouver une nouvelle vie. Ils vont être tous repositionnés et ils vont ainsi créer des convergences visuelles comme à l’intersection de la Via delle Quattro Fontane. Ils vont permettre aux pèlerins et aux voyageurs de s’orienter plus facilement vers les lieux les plus importants de la ville.
L’obélisque du Pincio
L’obélisque du Pincio se trouve sur une petite place entourée d’arbres, près de la Casina Valadier, sur la colline du Pincio. Il mesure 9,24 mètres, mais avec la base et l’étoile au sommet, il atteint 17,26 mètres. L’empereur Hadrien fit tailler le monolithe de granit rose en Egypte et le fit décorer sur les quatre faces de hiéroglyphes qui racontent la mort d’Antinoüs, son apothéose et sa déification. Au IIIe siècle, l’obélisque du Pincio fut placé par l’empereur Elagabalus sur le cirque Varianus, près de l’église de Sainte Croix. En 1859, il a été retrouvé brisé en trois morceaux. C’est en 1822, sous le pontificat du Pie VII, que l’architecte Giuseppe Marini plaça l’obélisque à son emplacement actuel, un endroit où le pontife aimait se promener. Sur le socle en marbre, reposant sur trois marches, sont sculptées en haut-relief les armoiries du pape Pie VII Chiaramonti.
L’obélisque de la Trinité des Monts
L’obélisque de la Trinité des Monts se dresse au pied de l’église qui porte le même nom, juste au sommet des célèbres escaliers. Il est sculpté en granit rouge, il mesure 13,91 mètres de haut et avec la base il atteint 15,21 mètres. Il semblerait que les hiéroglyphes ont été rajoutés après son transport à Rome. La décoration est basée sur une copie d’une ancienne inscription de l’obélisque de la Place du Peuple mais avec quelques erreurs. Initialement l’obélisque de la Trinité des Monts était dans les Jardins de Salluste. À la mort des propriétaires, l’obélisque et les jardins passeront à l’empereur Tibère. En 1734 l’obélisque sera déplacé près de la place de Saint Jean de Latran. Il y restera pendant 50 ans. Il aurait dû partir pour Paris où il aurait dû être érigé devant la cathédrale Notre-Dame. Finalement, le pape Pie VI le fera placer en face de l’église de la Trinité des Monts. La tâche a été confiée à l’architecte Giovanni Antinori. L’obélisque sera inauguré le 20 avril 1789.
L’obélisque de la place du Peuple
Situé en plein centre de la célèbre place, l’obélisque de la place du Peuple est le point de convergence de trois rues, la via del Corso, la via del Babuino et le via Ripeta. C’est l’un des obélisques les plus importants de la ville et le premier à être importé d’Égypte. Haut de 24 mètres, il date du XIIIe siècle avant JC. Abattu par les chrétiens des premiers siècles, réparé et recomposé suite à sa rupture en trois morceaux, en 1589, à la demande du pape Sixte V il a été déplacé sur la place du Peuple. Taillé dans un seul bloc de granit rouge, ses parois étaient décorées de hiéroglyphes voulus par les pharaons Séti Ier et de son fils Ramsès II. En 1823, sur ordre du pape Léon XII, l’architecte Giuseppe Valadier le dota d’une base surélevée à laquelle furent ajoutées à ses pieds des fontaines en forme de lion. Sa présence sur la place servait à souligner l’importance du lieu et de l’église de sainte Marie du Peuple étant donné que cette place était une des plus importants de Rome.
L’obélisque de la place saint Pierre
C’est l’obélisque que l’on retrouve sur la place Saint Pierre. Un obélisque égyptien de 25,5 mètres de haut qui, avec sa base et sa croix, atteint 40 mètres. C’est le seul obélisque qui n’a pas été abattu. Ramené d’Egypte en 37 avant JC par l’empereur Caligula, il devait orner un stade, le stade plus tard appelé le stade de Néron. Il était positionné dans la zone où se trouve actuellement la sacristie de la Basilique de saint Pierre. Pline l’Ancien nous raconte qu’à l’origine l’obélisque faisait 45 mètres de haut. Mais, il serait tombé accidentellement et la base se serait brisée lors du transport de l’Egypte à Rome. En 1586, Sixte Quint le fit placer au centre de la place. L’architecte Domenico Fontana sera chargé de déplacer l’obélisque de son ancien emplacement, le stade de Néron, au milieu de la place de saint Pierre. Il aura fallu six mois de travail, des milliers d’hommes et 140 chevaux pour positionner l’obélisque au centre de la place, en tout moins de 100 mètres.
L’obélisque de Montecitorio
L’obélisque de la place Montecitorio domine du haut de ses 22 mètres, la place qui fait face au Parlement. Cet obélisque vient d’Héliopolis. Il a été construite en l’honneur de Psammétique II, un pharaon du VIe siècle. Il a été érigé pour commémorer les victoires du pharaon sur les Éthiopiens. Ramené comme celui de la place du Peuple d’Egypte par Auguste en 10 avant JC, il a été placé comme gnomon d’un cadran solaire. Comme nous le raconte Pline l’Ancien. Ce cadran solaire avait des dimensions giganteques, 180 m de long et 30 m de large. Il se composait de lignes et de lettres de bronze doré, chacune de 3 m de long, qui indiquaient la durée des nuits et des jours. Sur cet obélisque le pharaon Psammétique II est représenté comme un sphinx couché. Le pape Pie VI le fit relever en 1792 sur la Piazza di Montecitorio.
L’obélisque de la place Navone
Au sommet de la fontaine des Quatre Fleuves se trouve l’obélisque de la place Navone. D’une hauteur de 16,54 mètres, extrait des carrières d’Assouan sur ordre de l’empereur Domitien, probablement il était destiné au temple d’Isis situé dans les anciens Champs de Mars. L’empereur fit graver son nom. L’obélisque fait partie de la fontaine des Quatre Fleuves du Bernin. L’obélisque, avant d’arriver sur la place Navone avait été déplacé au IVe siècle sur la voie Appia antique par Maxence. Le Bernin obtint l’autorisation de placer une fontaine autour du monolithe pour célébrer la famille Pamphilj qui avait son palais au fond de la place. En 1648 l’obélisque fut transporté de la voie Appia et positionner sur la place et en 1651 la fontaine était prête. Au sommet, on a placé une colombe de 1,78 mètre, emblème héraldique de la famille du pape. Sur la base, on a gravé un texte faisant référence à l’érection de l’obélisque et à la signification symbolique de la Fontaine des Quatre Fleuves.
L’obélisque du Panthéon
Sur la place de la Rotonda, devant le Panthéon, un obélisque égyptien de 6,34 mètres de haut qui, avec sa base et sa croix, dépasse 14,52 surmonte la fontaine qui se trouve au milieu de la place. L’empereur Domitien le fit transporter à Rome, pour décorer le temple dédié à Isis et Sérapis dans la zone des Champs de Mars. Il a été trouvée en 1373 sous l’église de la Minerve dans les ruines du temple d’Isis. Il a un jumeau que l’on peut voir à Villa Celimontana, pas loin du Colisée. En granit rouge, il a été sculpté en l’honneur de Ramsès II vers l’an 1 200 avant JC. Il vient d’Héliopolis en Egypte. En 1711 le pape Clément XI, le fit placer sur la fontaine dessinée par Giacomo della Porta, une fontaine avec quatre dauphins. Les inscriptions contiennent des phrases qui indiquent la relation de parenté du pharaon avec le dieu Soleil, « Excellent fils du dieu Soleil » et rappellent les œuvres accomplies en l’honneur du dieu. Une croix surmontée une étoile domine le sommet.
L’obélisque de la place de la Minerve
Il est situé au centre de la Piazza della Minerva, positionné sur un éléphant. L’obélisque de la Minerve est le petit obélisque de Rome. Il a été découvert sous l’église de la Minerve et il date du VIe siècle avant JC. Il fait 5,4 mètres de haut, avec sa base, le petit éléphant, et la croix dépasse les 12 mètres. Le projet initial avait été présenté par les frères dominicains, auxquels appartenaient l’église et le couvent bordant la place. Le projet avait été rejeté par le pape Alexandre VII qui décida de confier au Bernin la base de l’obélisque. En désaccord avec les moines dominicains, Bernin pour se venger, conçut un éléphant qui montrait et montre encore son derrière au couvent. Pour accentuer la pose irrévérencieuse de l’animal, Bernin réalisa un éléphant avec la queue légèrement déplacée et le mouvement de la trompe indiquant le derrière.
L’obélisque de la place du Quirinale
L’Obélisque de la place du Quirinale a été intégré à la fontaine de Castor et Pollux. Il mesure 14,63 mètres de haut et est le jumeau de l’obélisque qui se trouve sur la colline de l’Esquilin. Il a été retrouvé dans les fondations de l’hôpital San Rocco, près du mausolée d’Auguste. Il a été érigé, en 1786, à la demande du pape Pie VI. Il est en granit rouge d’Assouan et transporté à Rome à l’époque de Domitien. Comme son jumeau, il était placé devant le mausolée d’Auguste. Découvert, avec l’autre, pour la première fois vers 1520, sous le pape Léon. Mais il est de nouveau enterré et le reste pendant environ 150 ans, il finit par être oublié. Redécouvert en 1781, lors de travaux, le pape Pie VI décide de la placer entre les sculptures de Castor et Pollux. Les travaux sont confiés à l’architecte Antinori. Ils ont duré environ 5 ans. En 1818 on ajoute le dernier élément, une vasque en granit provenant du Forum Romain.
L’obélisque de la place de Saint Jean de Latran
L’obélisque de saint Jean de Latran est le plus haut de Rome et aussi le plus ancien. Avec ses 32,18 mètres de haut, il a été transporté à Rome en 357 à la demande de l’empereur Constance II. En comprenant la base et la croix, il atteint 45,70 mètres. Il pèse 455 tonnes. C’est le dernier obélisque ramené d’Egypte. Il vient de Thèbes, il était dédié au pharaon Thoutmosis III et situé devant le temple d’Amon, à Karnak. A rome, il était placé dans le grand stade des courses de chars, le Cirque Maxime. Abattu, pendant des années, il dormira sous terre. En 1587 où il est retrouvé cassé en trois morceaux. Il sera restauré et placé en 1588 sur la place Saint-Jean de Latran, derrière la basilique du même nom. Il est décoré de nombreuses inscriptions. Malheureusement tout en haut on voit une image du pharaon en train de faire des offrandes aux dieux. D’autres inscriptions nous rappellent qu’il a fallu trente-cinq ans pour compléter sa décoration.
L’obélisque de l’Esquilin,
Il est situé derrière l’abside de la basilique Santa Maria Maggiore. Il mesure 14,75 mètres de haut et atteint avec la base et la croix 25,53 mètres. L’Obélisque de l’Esquilin est peut-être d’époque romaine car il ne porte aucune inscription. Peut-être a-t-il été réalisé à l’époque de l’empereur Domitien à l’imitation des obélisques égyptiens. Mais il vient d’Egypte, sculpté en granit rouge d’Assouan. Il a été découvert en 1527 près de l’église de San Rocco et placé sur la place de l’Esquilin en 1587 par Domenico Fontana avec la collaboration de son frère Marsile et de Carlo Maderno. À l’origine, comme son obélisque jumeau du Quirinal, il était à l’entrée du mausolée d’Auguste. Sur son sommet on a placé les armoiries de la famille du pape Sixte V, c’est-à-dire les 3 montagnes avec l’étoile surmontée de la croix de bronze, œuvre du sculpteur Giacomo Tranquilli. De chaque côté de la base se trouvent des inscriptions latines qui racontent la consécration de l’obélisque au Christ.
L’obélisque de la Villa Celimontana
Haut de 7 mètres à l’origine, de l’obélisque de la Villa Celimontana il ne reste que la partie supérieure d’environ 3 mètres, sur laquelle sont gravés les titres de Ramsès II. Ce fragment a été retrouvé près des ruines du temple d’Isis, mais la partie inférieure de l’obélisque n’a jamais été retrouvée. Il est surmonté d’une sphère en bronze. En un premier temps il avait été placé à côté des marches du couvent de sainte Marie in Aracoeli. Tombé, il a été déplacé ailleurs et on l’avait oublié. C’est qu’à la fin du XVIe siècle que Ciriaco Mattei, un noble romain et collectionneur d’antiquités, le retrouva et le plaça dans sa Villa Mattei, aujourd’hui villa Celimontana. La villa et l’obélisque tombés dans un grand abandon furent restaurés par le propriétaire suivant, Manuel de Godoy, ancien premier ministre espagnol de la période napoléonienne.
L’Obélisque de Dogali
L’obélisque de Dogali, en granit rouge, a été transporté à Rome au Ier siècle après JC par l’empereur Domitien. Comme l’obélisque du Panthéon et l’obélisque de Minerve il devait décorer le temple d’Isis. Il vient d’Héliopolis et il date du XIIIe siècle avant JC, de l’époque de Ramsès II au XIIIe siècle avant JC. Il a été découvert à Rome en 1883 et érigé par l’architecte Francesco Azzurri devant la gare Termini, en 1887, comme monument commémoratif des morts de la bataille de Dogali en Érythrée. En 1925, il a été transféré dans les jardins proches des Thermes di Diocleziano. Haut de 6,34 mètres, avec la base et l’étoile, il atteint 16,92 mètres. Son sommet a été trouvé par hasard en 1719 dans la via de saint Ignace lors des travaux de rénovation de la Bibliothèque Casanatense. Mais ce n’est qu’en 1883 qu’il a été complètement par l’archéologue Rodolfo Lanciani.
Notes
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