Un palais impérial
Le Sessorium est un complexe résidentiel impérial, situé dans la Regio V, que l’on a commencée à construire sous l’empereur Septime Sévère et qui a été terminée sous l’empereur Héliogabale. Le nom Sessoriano vient du latin sedeo, ou « je m’assois », d’où le terme « session ». Car à la fin de l’époque impériale, le conseil impérial se réunissait dans une salle de ce palais. Toute la zone était déjà occupée, dès l’époque d’Auguste, par de vastes domus privées entourées de vastes jardins. La zone autour de la basilique de Sainte Croix de Jérusalem est entrée dans les possessions impériales avec la dynastie des Sévères, au début du IIIe siècle après J.-C. Sextus Avitus Bassianus, qui régnait sous le nom d’Héliogabale, y a fait construire une grande villa, dont faisaient également partie l’Amphithéâtre Castrense et le Cirque Varianus. Le complexe imperial se présentait comme un ensemble hétéroclite de bâtiments et d’annexes avec des cours intérieures et des fontaines. En face du palais, se trouvait un Temple du Soleil Palmyrien plutôt imposant. C’est ici que fut trouvée la célèbre statue de l’Apollon du Belvédère, aujourd’hui visible dans l’une cour des musées du Vatican.
Amphithéâtre Castrense
Il est à Rome un deuxième amphithéâtre, outre au Colisée, l’amphithéâtre Castrense. Il se trouve à côté de la basilique Sainte Croix. Il faisait partie d’un complexe résidentiel, le Sessorium, un complexe impérial. Il est encore visible car il a été inclus dans les remparts de Rome, les murs Aurélien. Fort probablement, l’amphithéâtre Castrense date de la période des Sévères. Il a été construit au début du IIIe siècle par l’empereur Héliogabale en tant qu’amphithéâtre de cour rattaché à la résidence impériale. Sa forme est comme celle du Colisée, elliptique. L’amphithéâtre Castrense devait mesurer 88 mètres sur le grand axe et 75,80 sur le petit axe. Un couloir couvert le reliait au Cirque Varianus. L’amphithéâtre Castrense servait à organiser des spectacles militaires et des défilés pour la cour impériale. Il est resté plus ou moins intact au fil du temps depuis qu’il a été incorporé au mur d’Aurélien. Aujourd’hui il ne reste que le premier étage et quelques vestiges du deuxième. Le nom de l’amphithéâtre Castrense vient de Castrum qui signifie en latin camp.
Le jardin à la place de Amphithéâtre
À l’intérieur, aujourd’hui occupé par les jardins du couvent de la basilique de Sainte Croix, se trouvaient les marches de la Cavea où s’asseyaient les spectateurs. Lors de fouilles faites dans le passé, on a découvert des salles souterraines sous l’arène. L’aspect original de l’amphithéâtre, entièrement en briques et avec trois rangées d’arcs, ne peut être reconstitué que grâce à des dessins faits à la moitié du XVIe siècle, sous le pontificat de Paul IV. C’est alors que l’Amphithéâtre Castrense fut réduit à un étage pour des raisons défensives. A cause de l’abaissement du sol environnant, les fondations en conglomérat de béton sont en partie visibles. Au siècle dernier, des fouilles y ont été effectuées et de nombreux ossements d’animaux sauvages ont été retrouvés dans les souterraines, des animaux probablement tués lors des spectacles.
Le Cirque Varianus
De l’époque des Sévères il nous reste le Cirque Maxime. Le Cirque Varianus est un ancien stade de courses de chars voulu par l’empereur Septime Sévère. Le Cirque Varianus doit son nom à l’empereur Héliogabale Sestus Varius Avitus Bassianus qui en acheva la construction. Le stade était intégré au complexe impérial appelé Ad Spem Veterem, le Sessorium. La structure, à l’origine de 630 mètres de long et 125 mètres de large, dépassait le Circus Maximus d’au moins 9 mètres et a continué à maintenir la primauté de l’un des plus grands cirques de Rome même lorsqu’elle a été réduite à 565 mètres. Le stade était orné de l’obélisque d’Antinoüs, le jeune garçon tant aimé de l’empereur Hadrien, ramené d’Egypte par Hadrien lui-même et aujourd’hui visible dans le parc de la villa Borghèse en proximité de la Casina Valadier. Dans les années 1580, le côté nord du cirque a servi de support à la construction du dernier tronçon de l’aqueduc Felice.
Sous Constantin
Au IVe siècle, sous Constantin, la zone va connaître une nouvelle phase de splendeur. Le complexe du IIIe siècle est transformé en palais impérial. Et comme le palais de Domitien sur le mont Palatin, il est composé d’un secteur privé réservé à l’empereur, d’une partie publique comprenant la basilique civique et d’une partie destinée aux quartiers de la cour. Par la suite le complexe est choisi par Hélène, la mère de l’empereur Constantin comme résidence. Elle fait reconstruire les thermes du IIIe siècle, qu’on finira par appeler les thermes « Eleniane » et dont il reste aujourd’hui la grande citerne que l’on voit sur la Via Eleniana. Hélène fait transformer l’ancien atrium de la résidence impériale en chapelle pour abriter les reliques de la Croix qu’elle avait amenées à Rome de la Terre Sainte. Du palais, il reste une partie du mur du fond et l’imposante abside du temple de Vénus et Cupidon, ainsi que quelques domus ayant probablement appartenu à des dignitaires de la cour. Dans ces dernières, on a retrouvé des mosaïques aux sols raffinées en noir et blanc avec les portraits.
Domus de l’époque de Constantin
Adossés au remparts de Rome, on trouve deux Domus de l’époque de l’empereur Constantin, dans lesquelles devaient loger d’importants personnages au service de l »empereur. Ce sont « la domus des portraits » et « la domus de la fontaine ». Les espaces mis à jour lors des fouilles faites dans les années 70 sont des espaces de services et des salles de représentation. Ces dernières sont pavées de carreaux de mosaïque noirs et blancs, qui contrastent avec les couleurs vives des enduits des murs, en ocre foncé et rouge vif avec l’ajout de stuc doré. Dans les espaces de service, probablement des cuisines, on a trouvé des petits réservoirs de collecte d’eau recouverts de mortier hydraulique (opus signinum). Ils sont encore conservés in situ. Les salles de réception, pavées de mosaïques noires et blanches, reçoivent la lumière des cours internes qui sont à l’extérieur et qui sont pavées de mosaïques à grands carreaux. Un remblai commun témoigne que les domus construites à proximité des murs d’Aurélien étaient dotées d’un étage supérieur où se trouvaient les pièces privées (cubicula), les chambres.
Maisons de notables
Des nouvelles fouilles ont mis en évidence en particulier, une nouvelle entrée et quelques cours découvertes pavées de grandes mosaïques en marbre. Sur la base des empreintes trouvées sur certaines briques, il a été possible de dater la première disposition de la domus à l’époque l’empereur Septime Sévère, IIIe siècle. et c’est à cette époque que remontent les pièces aux mosaïques en carreaux noirs et blancs. Les résidences ont été réutilisées et avec de nouveaux ajouts jusqu’au IVe siècle. Le transfert de la cour impériale à Constantinople en 330 après JC affecta considérablement le sort des domus. Elles furent intentionnellement rasées et enterrées suite à la restauration des murs d’Aurélien ordonnés au début du Ve siècle par l’empereur Honorius. Il n’y a pas longtemps encore la zone était utilisé par les parachutistes.
L’aqueduc de Claude
L’aqueduc de l’aqua Claudia est l’un des plus remarquables de Rome. Commencé sous Caligola il est porté à terme sous l’empereur Claude. Il alimentait les pentes du Palatin et prenait sa source dans des montagnes à 68 km de Rome. Au centre, il traversait la colline du Caelius et longeait, au milieu, l’immense ensemble architectural que représentait le temple de Claude. Son tracé était presque entièrement souterrain à part cours les derniers kilomètres. Alors il s’élevait progressivement en arcs en opus quadrata de tuf rouge, les blocs clés étant en travertin. L’aqueduc entrait en ville précisément dans cette zone appelée ad Spem Veterem, en raison de la présence d’un temple dédiée à la déesse Spens, Espoir. Ce temple avait été dressé en mémoire d’une bataille remportée par les Romains contre la ville étrusque de Veio en 477 avant JC. Peu de temps après son entrée en ville, les eaux de l’aqueduc de Claude plongeaient dans de grandes citernes rectangulaires d’où elles étaient ensuite distribuées dans toute la ville. Comme les autres aqueducs, il fut également mis hors d’usage par les Goths lors du siège de 537 après JC.
Domus de la via Elianna
Lors de travaux d’entretien à l’intérieur du siège de l’ACEA, la compagnie de gaz et électricité de via Elianna, on a découvert en 1982 les ruines d’une domus. Ces murs étaient décorés de fresques de qualité remarquable. Ces fresques datent du IIe ou du IIIe siècle après JC. Les quatre salles mises à jour étaient reliées à d’autres structures mais aujourd’hui elles ne sont plus visibles. On pense qu tout cet ensemble, faisait partie d’une grande Domus d’époque impériale. Compte tenu des règles que l’empereur Auguste avaient fait appliquer en matière d’aqueduc, on pense qu’à l’origine cette zone était une des zones tampons autour de l’aqueduc de Claude placé juste derrière. On pense qu’il s’agissait d’abord d’un bâtiment utilisé pour l’entretien de l’aqueduc lui-même qui bien plus tard sera transformé en domus.
A l’intérieur de la Domus
On accédait à ces pièces du sous-sol de la domus par un escalier en marbre, dont il reste trois marches. L’escalier se terminait par un couloir aux murs ornés de fresques. Au-dessus d’un socle en plâtre rouge foncé, sont encore visibles des panneaux dans lesquels sont insérées des figures masculines et féminines. Le sol est encore recouvert d’une belle mosaïque. Dans le tablinum, une sorte de salon, ou le triclinium, la pièce où étaient servis les repas, les murs sont aussi décorés de belles fresques. Les motifs peints sur les murs sont des paons et d’autres oiseaux, des homme, des femme. Les couleurs les plus utilisées pour ces fresques sont le jaune, le rouge, le vert et le blanc. Le sol est décoré d’une belle mosaïque réalisée avec des carreaux noirs et blancs qui représentent des croix gammées (soleil), des fleurs stylisées. Les mosaïques et les peintures ont été créées à la fin du IIe ou début du IIIe siècle après J.-C. et restaurées au IVe siècle.
À qui appartenait la domus ?
Vers la fin du XVIIIe siècle, près de l’aqueduc de Claude, on a découvert des fistualae aquariums (conduites d’eau), sur lesquelles est écrit le nom d’Aufidia Cornelia Valentilla. Selon certains chercheurs, elle serait propriétaire de cette domus, tandis que selon d’autres Aufidia Cornelia Valentilla serait la propriétaire d’une autre domus plus proche de la Porta Maggiore. Les deux domus subirent des modifications lors de la création des Horti Variani, puis furent incorporées soit au Sessorium, c’est-à-dire le palais impérial construit par Constantin au début du IVe siècle. Par la suite, à la demande de l’empereur Honorius (401-406 après JC), des travaux de restauration furent effectués sur les murs d’Aurélien et, très probablement, la zone résidentielle annexée au Sessorium est abandonnée.
La décadence
À l’époque républicaine, la zone était un énorme cimetière, le tombeau d’Eurysace en est témoin. C’est sous Auguste que la zone va se transformer en un véritable quartier résidentiel peuplé de villas de luxe. Dès la fin du IIe début du IIIe siècles après JC, les empereurs de la famille des Sévère s’installent aussi ici. Mais, l’empereur Constantin, après la bataille du Pont Milvius en 312 après JC, laisse à sa mère l’ensemble du complexe résidentiel. Avec la mort d’Hélène et le transfert de la capitale à Constantinople, le Sessorium tombe en ruine, bien que parfois restauré, par exemple par Valentin III, ou par l’empereur Théodoric ainsi que Odoino. La guerre gothique et la peste de 570 porteront le coup final. Commence alors le pillage de tous les vestiges romains, on épargne seulement l’église et le couvent adjacent car chrétiens et donc inviolables. C’est avec le pillage du temple de Vénus, que l’église de Santa Croce in Gerusalemme sera embellie notamment par les colonnes et les marbres