Un basilique ancienne
L’histoire de la basilique Sainte Croix de Jérusalem remonte à l‘époque de l’empereur Constantin, ceci en fait une des plus anciennes églises de Rome. Bâtie à l’intérieur d’une villa impériale dont le nom était « Horti Variani ad Spem Veterem » car en proximité il y avait un temple, datant du IVe siècle avant JC, dédié à la Spem Veterem. La construction du complexe commence au IIIe siècle sous l’empereur Septime Sévère et termine quelques années plus tard sous l’empereur Héliogabale. Le complexe impérial comprenait aussi l’Amphithéâtre Castrense, le Cirque Variano, du nom de la famille de l’empereur Héliogabale et les Bains Éléniens (ainsi nommés après la restauration de l’Impératrice Hélène). Il y avait dans le palais même une vaste salle qui sera transformée plus tard dans la basilique Sainte Croix de Jérusalem. La villa, au début du IVe siècle après JC a été choisie comme résidence par Hélène, la mère de Constantin.
La basilique de Sainte Croix de Jérusalem
C’est dans ce palais que sainte Hélène, à son retour d’un pèlerinage en Terre Sainte fait installer une chapelle, isolée du complexe central, où elle dépose les reliques de la Sainte Croix. Très vite la basilique de Sainte Croix de Jérusalem devient un lieu de pèlerinage en raison de l’importance des reliques. Ce sont des fragments de la Croix, un clou, deux épines de la couronne, une partie de l’inscription sur la croix, une portion de la colonne de flagellation, l’éponge imbibée de vinaigre et l’un des 30 deniers de Judas. Au cours des siècles, la basilique de Sainte Croix de Jérusalem subit de nombreuses restaurations. En 1743 l’église est entièrement rénovée. La façade du XVIIIe siècle est de Pietro Passalacqua et Domenico Gregorini. De forme concave, divisée par des pilastres avec des fenêtres lumineuses placées au-dessus des entrées et le grand ovale au-dessus du passage central, elle est toute en travertin blanc.
A l’intérieur de l’église
La basilique de Sainte Croix de Jérusalem est divisée en trois nefs par huit anciennes colonnes en granit égyptiens et six piliers qui incorporent partiellement les colonnes d’origine. Un joli atrium elliptique surmonté d’une petite coupole précède l’entrée. L’église est assez sombre. Le magnifique pavement en style cosmatesque est partiellement caché par des horribles sièges turquoises. Dans le presbytère se trouve un tabernacle du XVIIe siècle en bronze doré et marbre de Carlo Maderno, ainsi que le tombeau du cardinal Quiñones, de Jacopo Sansovino. Le plafond voûté est orné par trois toiles de Corrado Giaquinto, un artiste du XVIIIe siècle. Une magnifique fresque de Antoniazzo Romano et Marco Palmezzano, avec l’histoire de la Sainte Croix inspiré par la Légende dorée de Jacopo da Varazze, couvre l’abside.
La crypte de la basilique de Sainte Croix
Sous l’église, se trouve la chapelle de Sant’Elena ornée d’une mosaïque du Ve siècle restaurée bien plus tard par Melozzo da Forlì et plus tard par Baldassarre Peruzzi. Pendant plus de seize siècles, cette chapelle a gardé les reliques de la passion et de la Crucifixion de Jésus Christ. Mais en 1930, ces reliques ont été transférées dans la nouvelle chapelle, installée dans l’ancienne sacristie. On y accède par une porte située sur le mur de la nef de gauche. Ces reliques sont maintenant exposées à la vénération des pèlerins qui jusqu’alors ne pouvaient les adorer que lors d’occasions spéciales. Sous le sol de la chapelle, on a dispersé la terre du Calvaire, également ramenée par Sainte-Hélène lors de son pèlerinage en Terre Sainte. Dans la crypte se trouve une statue romaine de Junon, trouvée à Ostia Antica et transformée en statue de Sainte Hélène en remplaçant la tête et en ajoutant une main qui tient une croix.
La Légende de la Sainte Croix
Sous ce titre sont désignés les cycles iconographiques sur l’histoire de la Vraie Croix et sa découverte faite par sainte Hélène. Le plus célèbre est celui de Piero della Francesca que l’on peut voir dans la chapelle principale de la basilique de San Francesco à Arezzo. Celui de Rome est de Antonio di Benedetto Aquili mieux connu sous le nom de Antoniazzo Romano. Les deux sont basés sur la ‘Légende Dorée’ de Jacopo da Varagine. Dans ce livre, l’auteur raconte la vie des saints en suivant le calendrier liturgique. Cet œuvre où convergent traditions écrites et orales, a été la plus grande source d’inspiration pour de nombreux d’artistes aux cours des siècles. L’Histoire de la Vraie Croix de Antoniazzo Romano est représentée dans le bassin abyssal de la basilique de Sainte Croix de Jérusalem. Et il ne pouvait en être autrement, étant donné que c’est le lieu où sont conservées les reliques les plus importantes liées à la passion du Christ.
Le récit de la Sainte Croix
Le récit se développe sur une bande semi-circulaire à la base du bassin abyssal. Dans l’ordre chronologique, et de gauche à droite, on voit l’impératrice Hélène, déjà à Jérusalem qui demande à un Juif de nom Judas ou est la Sainte Croix. Celui-ci lui révèle que la croix est dans une citerne sous le temple de Vénus construit sur le Golgotha. On creuse et on met à jour trois croix, quelle est la bonne? Par hasard passe par là un cortège funéraire. On prend alors le mort et on l’étend à côté de chaque croix. Au contact avec la troisième, il ressuscite. Dans la troisième scène, on voit une personne nue assise sur une croix qui revient à la vie. Dans la scène suivante, l’impératrice Hélène tient la croix retrouvée. A ses côtés, agenouillé, est le cardinal commanditaire des travaux, titulaire de la basilique de 1478 à 1495, Pedro González de Mendoza, archevêque de Tolède, qui la fit également restaurer pour le Jubilé de 1500.
Cosroe II vole la Sainte Croix
Ensuite l’impératrice Hélène divise la croix en trois parties. Elle laisse une partie à Jérusalem, une autre elle l’envoie à Constantinople à son fils Constantin et la dernière, elle l’emporte avec elle à Rome. Le morceau de croix destiné à Jérusalem est volé par l’empereur de Perse Cosroe II. Mais, en 627, l’empereur byzantin Héraclius le récupère. Dans la fresque, on voit deux rangées de soldats de part et d’autre d’un pont, assistant à un duel entre Héraclius et le fils de Cosroe. Héraclius triomphant à cheval et la croix à la main se rend à Jérusalem pour remettre la relique à sa place. Mais sur un petit nuage, à droite, apparaît un ange qui ordonne à l’empereur d’entrer à Jérusalem non pas en grande pompe, mais avec humilité, sans signe extérieur de richesse, comme l’a fait le Christ. Puis la scène suivante nous montre Héraclius, à pied et sans fioritures, la croix sur l’épaule, qui se dirige humblement vers Jérusalem.
L’arbre de la vie
Héraclius rentre humblement dans Jérusalem alors une ville riche en d’œuvres d’art et il passe inaperçue. Mais d’où vient le bois de la Sainte Croix ? Adam, proche à la mort, envoie son fils Seth au paradis terrestre à la recherche de bois pour sa sépulture. Il y trouve l’archange Michel qui finit par lui offrir un rameau de l’arbre de Vie. Il lui dit que son père sera guéri le jour ou le bois portera des fruits. Mais à son retour, Seth trouve son père sans vie. Il plante alors le rameau sur la tombe d’Adam, à l’endroit même où Jésus sera crucifié, autrement dit, sur le Golgotha. Le rameau, avec le temps, devient un bel arbre qui résiste à l’épreuve du temps jusqu’à Salomon. C’est alors que le roi Salomon fait tailler l’arbre en vue de la construction du Temple. Mais une fois coupé, le bois de l’arbre change continuellement de taille, comme s’il refuse de s’adapter au Temple.
De l’arbre à la Sainte Croix
Le bois est mis de côté. Mais suite à des circonstances qui ne nous sont pas connues, le bois de l’Arbre de vie arrive sur le pont qui chevauche la rivière Kedron. C’est l’endroit où a lieu la rencontre entre Salomon et la reine de Saba. Arrivée au pont la reine a un pressentiment et elle prédit que ce morceau de bois soutiendra un jour le corps Messie, qui sera exécuté par les Juifs. Elle refuse de poser les pieds sur le pont. Suite à cette inquiétante révélation, les Juifs font enterrer la poutre le plus profondément possible. Cet emplacement devint plus tard celui d’une piscine dont l’eau servait à laver les offrandes destinées au Temple de Jérusalem. On s’aperçut que cette eau avait le pouvoir de guérir les malades. Au moment de la Passion du Christ, cependant, ce bois est retrouvé flottant, et les Juifs en font une croix. A partir de là suit l’histoire de la découverte de la Vraie Croix.
La boucle qui se ferme
Comme une boucle qui se referme, le rameau de l’Arbre de Vie planté sur la tombe d’Adam aurait donc servi à la fabrication de la Vraie Croix. Le péché originel d’Adam aurait été lavé par le sacrifice de Jésus sur la Croix. Les franciscains ont privilégié ce thème de la légende pour diverses raisons. D’abord parce que selon leurs traditions, saint François avait reçu les stigmates le 14 septembre, fête de l’Exaltation de la Croix. Donc, l’amour de la croix a accompagné toute la conversion du Saint jusqu’à sa mort. Pour François, la croix est le signe concret du salut, un signe d’espérance. C’est pour cette raisons que le thème de la Sainte Croix est souvent présent dans les lieux de culte aux mains des franciscains. En Bref, les franciscains se rendaient compte que la légende de la croix, florissante à l’époque, convenait bien à leurs idées. Ils l’ont donc adopté et ont entretenu avec ce thème une relation étroite tout au long du Moyen Âge.
Notes
- Visite possible lors de la découverte des églises de Caelius
- Aucune entrée prévue
- Pour réserver vos visites écrivez à arterome2@gmail.com ou téléphonez au +393479541221