la Dacie

La dernière frontière de la romanité

Ce tient en ce moment à Rome, jusqu’au 21 avril 2024 une exposition sur la Dacie intitulée « la dernière frontière de la romanité ». Elle a lieu au Musée national romain, plus exactement au musée des Thermes de Dioclétien. Cette exposition est une occasion exceptionnelle pour prendre connaissance de l’histoire et de la culture du monde roumain. La période prise en considération va du VIIIe siècle av. J.-C. au 8e siècle de notre ère. Avec la présentation de plus de 1000 objets provenant de 47 musées roumains et du Musée national d’histoire de la République de Moldavie. L’exposition mette en lumière la richesse culturelle et historique de cette nation. Cette exposition offre un panorama détaillée sur le développement historique de la Dacie, territoire qui correspond à l’actuelle Roumanie.

A la découverte de la Dacie

Cette exposition constitue la plus grande et la plus prestigieuse mise en valeur des découvertes archéologiques organisée par la Roumanie à l’étranger au cours des dernières décennies. Les efforts conjoints des directeurs des musées nationaux de Roumanie et de Rome, Ernest Oberlander et Stéphane Verger, témoignent de l’importance accordée au patrimoine culturel roumain. L’exposition représente une opportunité unique de partager ce patrimoine, elle offre au public italien et international un accès à des trésors jusqu’ici peu connus. C’est un bel exemple de la manière dont les expositions culturelles peuvent servir de ponts entre les nations, permettant aux gens de mieux comprendre et apprécier l’histoire et la diversité culturelle d’une région.

Parcours de l’exposition

Le parcours commence avec une scène gravée sur la colonne de Trajan. Elle illustre trois archers daces retenant les Romains assiégés à l’intérieur d’une ville. Elle démontre ainsi l’existence de la couleur dans l’architecture de la Rome antique. Il y a le Serpent Glykon de Tomis, en marbre, il représente un « bon démon » censé avoir le pouvoir de guérir d’une mystérieuse épidémie. Cela témoigne de la manière dont la symbolique et la spiritualité étaient intégrées dans l’art de l’époque. Et il y a le casque en or raffiné de Cotofeneşti de fabrication thrace, avec des scènes de sacrifice. Le trésor des goths de Pietroasele du IVe siècle après JC. avec l’exceptionnelle phiale (coupe) en or repoussé et les grandes fibules, qui font un clin d’œil aux bracelets en or daces, aux colliers incroyablement contemporains.

Parmi les objets exposés

Parmi les objets exposés on voit la tablette avec un contrat de travail datant de 164 après J.-C. stipulé entre Aurelius Adiutore, citoyen romain, et Memmius d’Asclépios, d’origine orientale. Ce type de document donne des informations précieuses sur les relations sociales, les obligations contractuelles et les pratiques commerciales de cette période. La diversité des objets exposés, tels que les armes, les vases, les céramiques, les pièces de monnaie, les bijoux et les accessoires pour les rites magiques, permet au public de se plonger dans différents aspects de la vie quotidienne et de la culture de l’ancienne Dacie. Ces artéfacts sont des témoignages tangibles de la vie quotidienne, de l’artisanat, du commerce et de la religiosité de la région à l’époque où elle était intégrée dans l’Empire romain.

Comment est structurée l’exposition sur la Dacie

La structure de l’exposition, divisée en quatre sections, offre une perspective chronologique sur l’évolution de la région, allant des ancêtres Geta-Daces aux peuples Gètes et Daces, puis à la transformation de la Dacie en province romaine. On voit comment une partie du pays cède la place à la transformation en une province romaine. On voit comment les habitants du territoire coexistence avec les populations migrantes. La première section est consacrée à la Dacie romaine et illustre la conquête du territoire à l’époque de l’empereur Trajan (101-106 après JC), en soulignant le lien étroit et les similitudes entre les découvertes des musées roumains et ceux du Musée National Romain. La manière dont cette intégration au monde romain a façonné la vie des habitants de la région, ainsi que la coexistence avec les populations migrantes, est un récit riche en nuances.

La première section

La première section a la double fonction d’introduction l’exposition et de tournant avec les guerres daces. Les guerres daces jouent un rôle crucial en marquant à la fois la conquête romaine et l’annexion à l’Empire. Ces guerres créent un avant et un après significatifs dans l’histoire de la région. De l’âge du fer à l’époque byzantine, la Roumanie a toujours été un carrefour de cultures et l’exposition permet d’en suivre pleinement l’évolution et les caractéristiques à travers un parcours chronologique. C’est dans cette première section que l’on trouve le serpent Glykon de Tomis, une portion de la colonne de Trajan et la tête en bronze de Trajan.

La deuxième et troisième section

la deuxième section nous montre comment s’est formée la culture de la Dacie à l’Âge du fer. Elle nous montre aussi l’importance de l’influence d’autres peuples, les Thraces, les Scythes et les Grecs des colonies de la mer Noire sur la formation culturelle des daces. La troisième section illustre la comparaison entre les civilisations urbaines méditerranéennes et les civilisations tribales et nomades continentales. La troisième section nous montre aussi l’inclusion de la Dacie dans les réseaux culturels hellénistiques méditerranéens de l’époque d’Alexandre le Grand. Elle nous montre aussi l’inclusion continentale avec de nouvelles populations d’Europe centrale comme les Celtes, les Géto-Thraces, les Bastarnae d’origine germanique. C’est le moment où Rome part à la conquête de la Macédoine, avec la bataille de Pydna en 168 avant JC, et elle commence à avoir un poids politique sur la région.

La quatrième section

La quatrième section contemple la chute de l’Empire romain et la lente dissolution de la civilisation romaine. Parmi les thèmes envisagés on compte les difficultés à maintenir des frontières sûres, le brassage des peuples et l’imminente invasion de peuples comme les Huns, alors que la puissance de Rome se déplaçait vers l’Est avec Byzance. Cette section met également en lumière le rôle de la religion chrétienne et de la diffusion de la langue latine, points forts de l’héritage romain et éléments fédérateurs qui annoncent la Roumanie d’aujourd’hui.  

Pour conclure

Les recherches archéologiques, menées récemment, ont dessiné un monde à la fois magique et complexe, une sorte de Californie à l’époque de la fièvre de l’or. Les romains étaient attirés par les gisements d’or autour desquels vont se développer lentement les centres habités. Auparavant les daces étaient essentiellement des nomades. « L’exposition sur l’ancienne Daciae – a déclaré le ministre de la Culture, Gennaro Sangiuliano – nous rappelle le passé glorieux qui nous lie à la Roumanie. L’Union européenne ne peut pas s’appuyer uniquement sur une architecture juridique et sur le marché unique, qui sont également très importants, mais doit redécouvrir et renforcer ses racines éthiques, culturelles et religieuses communes« .

Notes

• l’exposition se tient aux Terme di Diocleziano via Enrico de Nicola, 78, en face de la gare Termini.
• Coût du billet inclus au coût d’entrée au musée : 8 euros 
• Pour réserver vos visites écrivez à arterome2@gmail.com ou téléphonez au +393479541221