Un nouveau musée à Rome
Un nouveau musée vient d’ouvrir à Rome, le musée de la Forma Urbis situé dans le Parc Archéologique du Caelius. La Forma Urbis est un plan de la Rome antique en marbre composé de dalles au nombre de 150. Ce plan de la Rome antique occupait un mur de fond du forum de la Paix construit au Ier siècle par Vespasien et rénové par Septime Sévère après l’incendie de Commode. Les premières découvertes remontent à mai 1562, près de l’église de saint Côme et Damien. On voit encore ce mur, criblé de trous, le long de la rue de Forums Impériaux, à gauche de l’entrée de l’église. Des études récentes ont montré que ce qui a été découvert en 1562 n’était qu’une petite partie due à l’effondrement beaucoup plus vaste du revêtement de marbre survenu au Moyen Âge. Cet écroulement a été causé par l’exploitation des marbres antiques dès la fin de la Rome antique.
Qu’est-ce-qu’est la Forma Urbis
Les marbres qui sont tombés à l’époque ont été emportés et brûlés pour être transformée en chaux, seuls quelques morceaux ont pu être préservés. Au fil du temps, d’autres fragments ont été petit à petit récupéré lors de travaux ou de remaniement. Par la suite une partie des marbres finit dans les collections de la famille Farnèse, une des familles aristocratiques les plus importantes de XVIe siècle. Cette histoire illustre comment les monuments anciennes ont pu être altérées, déplacées, et parfois même oubliées au cours des siècles. Les études récentes contribuent à retracer et à comprendre ces nombreux passages afin de préserver et partager le riche héritage culturel de la Rome antique.
La construction des berges
Par la suite une partie des marbres finit dans les collections de la famille Farnèse. Au XVIe siècle de nombreux érudits vont tenter, partant des fragments plus grands, de redessiner le plan de la Rome Antique. Mais déjà dès le début des années 1600, le travail semblait irréalisable et l’intérêt pour le projet s’était lentement éteint. Au XVIIe siècle, le désintérêt pour ces fragments va être tel qu’ils vont servir à la construction d’avenues et de murs dans le soi-disant « Jardin Secret » de la famille Farnèse, le jardin derrière le palais Farnèse. Lors de la construction des nouvelles berges du Tibre et suite à la destruction du jardin secret, plus de 600 de ces fragments vont être récupérés entre 1888 et 1891. Ce grand groupe de fragments a permis de réaliser une centaine d’ajouts aux noyaux cartographiques précédemment constitués. Malheureusement près de 600 fragments individuels n’ont pas pu être placés.
A quoi servait la Forma Urbis?
Les fragments de la Forme Urbis que nous possédons datent du début de l’époque de l’empereur Septime Sèvère. Il semble que l’empereur lui-même aurait dû inaugurer cette nouvelle salle avec la Forma Urbis. Mais, il meurt sur la champ de bataille à Eboracum, York en Angleterre, en février 211. C’est probablement son fils, Caracalla, qui finira par s’en charger. Cette grande carte était affichée dans un lieu accessible à tous. Elle ressemblait à un grand document cadastral. Seuls les monuments et les espaces publics étaient pourvus de légendes explicatives. Lorsque des noms de particuliers apparaissent, ils indiquaient des lieux publics car ces noms étaient devenus des points de repères topographiques. Cette carte était sans doute une ressource précieuse pour les habitants de Rome à l’époque. Elle offrait une compréhension détaillée de leur environnement urbain, en fournissant des détails sur les monuments, les espaces.
Un monument pour exalter la grandeur de Rome
Le travail de reconstruction et d’intégration a produit des découvertes importantes. Il a permis de mieux comprendre les lignes essentielles de la représentation et d’acquérir une grande quantité de données mineures ainsi qu’une vision plus détaillée des grands et des petits monuments. Il en sort que la Forme Urbis avait pour but de mettre en évidence et de souligner la grandeur monumentale de Rome. Il ne semble pas que la Forma Urbis ait été utilisée pour des raisons bureaucratiques, administratives ou fiscales, comme on pourrait s’y attendre. Ainsi, il n’est pas nécessaire de supposer que dans cette partie du Forum de la Paix on ait forcement installé les archives du cadastre ou de la préfecture urbaine. Les 1 186 fragments de la Forma Urbis actuellement conservés, représentent 10 à 15 % du total.
Que 10% de la Forma Urbis
La préservation et la récupération de ces pièces fragmentaires posent évidemment des défis importants. Cependant, ces fragments fournissent une variété d’informations, allant du monument prestigieux comme le mausolée d’Auguste aux Lupanares. L’utilisation de technologies modernes, telles que la création de bases de données en ligne et les outils de reconstruction virtuelle, ouvre des opportunités passionnantes pour explorer et partager ces découvertes historiques de manière plus accessible et interactive. Le mausolée d’Hadrien, aujourd’hui Castel Sant’Angelo, les Horti di Domitia et les ports sur la rivière sont des éléments cruciaux du paysage urbain antique. L’étude continue de la Forme Urbis suscite toujours l’intérêt et l’admiration. Elle souligne l’importance de la préservation et de la recherche archéologique pour mieux comprendre notre histoire et notre patrimoine culturel.
Le dernier fragment
Le dernier fragment découvert de la Forma Urbis date de 2014. On l’a trouvé lors de travaux au Palais Maffei Marescotti, un bâtiment de propriété du Vatican. Le morceau est lié à la dalle 31 et il représente l’actuel quartier du Ghetto. A l’époque, ce quartier était dominé par le Cirque Flaminius un stade du II AC, il abritait les jeux plébéiens. Le Cirque Flaminius était entouré de nombreux monuments publics importants, certains sont encore visibles, tels que le portique d’Ottavie et le théâtre de Marcellus. Le nouveau fragment porte une inscription qui complète les mots « Circus Flaminius ». L’idée que ce fragment fonctionne comme une pièce manquante d’un puzzle géant, se connectant aux fragments découverts en 1562, est une métaphore puissante pour décrire le processus continu de reconstitution de la Forma Urbis.
Le parc archéologique du Caelius
Le musée de la Forma Urbis peut être visité tous les jours, à l’exception du lundi, avec un coût d’entrée de 9 euros. Le musée de la Forma Urbis est ouvert de 10 à 16 heures. La présence de marbres antiques de l’ancien Antiquarium municipal dans les espaces externes du musée ajoute une surprise supplémentaire à la visite. Le projet de transformation de la Colline du Caelius, comprenant des interventions telles que la réorganisation de l’ancien Antiquarium Municipal, l’aménagement des espaces verts du Celio et la création d’une Nouvelle Promenade Archéologique le long de la Via di San Gregorio, démontre un engagement important envers la préservation et la mise en valeur du patrimoine historique de Rome. Ces initiatives ne contribueront pas seulement à restaurer des structures historiques importantes, mais aussi à créer des espaces publics attractifs pour les résidents et les visiteurs.
Le jardin du l’Antiquarium Municipal
En sortant du musée de la Forma Urbis, le long de la Via del Parco del Celio, deux bâtiments sont visibles, presque en face l’un de l’autre. L’un est l’ancien entrepôt archéologique municipal et l’autre le Casino Salvi. Le premier bâtiment, encore abandonné, a été construit en 1890 en tant qu’entrepôt archéologique. Cependant, il a été fermé en 1939 en raison de dommages subis pendant la construction du métro. Le Casino Salvi, construit en 1835 par Gaspare Salvi, repose sur les substructures de l’escalier du temple du Divin Claudio. Il sert de lieu d’exposition pour une partie des matériaux provenant de l’ancien antiquarium municipal. Actuellement, le Casino Salvi est fermé. L’édifice est né comme un « café » à l’intérieur du jardin.
Que voit-on dans le parc
Le matériel présent dans le parc est lié aux découvertes faites lors de la construction de Rome capitale de l’Italie. Les fouilles pour la création des nouveaux quartiers, notamment sur les collines de l’Esquilin, du Quirinale et du Viminale, ont conduit à une récolte abondante de découvertes. Ces trouvailles, désormais organisées en noyaux thématiques, offrent aux visiteurs la possibilité d’approfondir les aspects clés de la vie quotidienne dans la Rome antique. Ainsi, on y voit des petites pierres funéraires aux tombes monumentales des riches sénateurs tels que Servius Sulpicius Galba. On voit des autels modestes dédiés aux divinités, aux traces de temples plus imposants. Les éléments exposés témoignent également de la présence administrative de Rome sur le territoire. Ainsi on voit des bornes trouvées le long du Tibre aux bornes utilisées pour marquer l’agrandissement du pomerium, la limite urbaine, aux bornes indiquant les aqueducs.
Notes
- Visite possible tous les jours de 10 à 16 heures sauf le lundi
- Entrée 9 euros
- Pour réserver vos visites écrivez à arterome2@gmail.com ou téléphonez au +393479541221