L’histoire de la villa Farnese de Caprarola à quelques kilomètres de Rome
L’histoire du palais Farnese de Caprarola remonte au XVIe siècle. Celle de la petite ville démarre au XIIIe siècle. Caprarola, dont le nom vient de chèvre car au tout début cela devait être un village de bergers, est à quelques kilomètres du lac de Vico. Là, on a retrouvé des traces d’habitations sur palafitte qui remontent à la préhistoire. Bien que la villa Farnese de Caprarola se trouve en territoire étrusque, les premiers documents qui parlent de Caprarola datent de 1223. Ce petit bourg perdu au milieu des forêts, a longtemps été contesté par les nombreux seigneurs locaux. Dès 1275 on trouve les Orsini, puis en 1370 les préfets de Vico, ensuite dès 1440 les Anguillara et en 1435 Caprarola passe sous la juridiction des États pontificaux. Cinq ans plus tard, en 1440, le fief est acheté par un comte de Anguillara, qui le gouverne jusqu’en 1465, date à laquelle le pape Paul II confisque toutes les propriétés des Anguillara. A la fin du XVe siècle, Caprarola devient un vicariat contrôlé par la famille de Riario della Rovere, la famille des papes Sixte IV et Jules. C’est alors que Caprarola commence à se développer et à se peupler. En 1503, le pape Jules II cède ce lieu à Giovanni della Rovere, qui le vend au cardinal Alessandro Farnese, le futur pape Paul III. Le complexe monumental de Caprarola a été hérité par les Bourbons en 1731 après l’extinction de la famille Farnese. En 1941, il a été acquis par l’État italien et en 1973 confié à la Surintendance du Ministère du Patrimoine Culturel qui s’occupe actuellement de sa gestion.
Palais Farnese de Caprarola
C’est alors qu‘Alexandre Farnèse, le futur pape Paul III, engage Antonio da Sangallo, le jeune et l’architecte Baldassare Peruzzi pour la construction d’une forteresse. Vers 1530, les travaux du soubassement du pentagone à cinq bastions, dont l’un deviendra la tour principale au sommet du pentagone commencent. En 1534, on arrête tout, le cardinal Alexandre Farnese est élu pape et prend le nom de Paul III. Quelques années plus tard, Alessandro Farnese le jeune, le petit fils du pape Paul III, va vivre à Caprarola pour oublier le meurtre de son père Pier Luigi. Pier Luigi, le fils du pape, était d’un tempérament arrogant. Il s’était fait beaucoup d’ennemis. Alexandre Farnese le jeune, le petit fils du pape Paul III est immédiatement tombé amoureux de Caprarola. Pour lui, c’est un refuge agréable près de Rome. Il reprend donc les travaux abandonnés par son grand-père, mais transforme la forteresse en un palais. Il engage un nouvel architecte très en vogue à l’époque, Jacopo Barozzi da Vignola, l’un des plus grands représentants du maniérisme. Il est connu car il sait faire de « belles choses » entre autres au Palais Royal de Fontainebleau en France. En 1559, sur la base d’un dessin de Vignola, les travaux commencent.
Le cardinal Alessandro Farnese
Le « Grand Cardinal » Alessandro Farnese le jeune, décide de faire du palais une villa avec des jardins à l’italienne. Il veut un lieu raffiné capable de nourrir l’esprit et le corps, loin de la chaleur torride romaine. A cette époque-là, les hommes d’Église sont souvent issus de grandes familles. Pour la plupart ils n’avaient pas choisi. Ils étaient loin d’avoir un comportement conforme à leurs tâches. Effectivement le cardinal Alexandre Farnese, un homme très cultivé, était passionné par l’ésotérique, l’alchimie, les écrits apocryphes, kabbalistiques et néoplatoniciens. On en a la confirmation dans les fresques trouvées dans certaines pièces, comme la Chambre de l’Aurore, la Chambre des Rêves, dans son cabinet dans l’Antichambre des Anges. Vignola, un brillant architecte, sculpteur, peintre et scénographe saura mettre en œuvre ses multiples compétences pour ennoblir l’édifice tout en conservant le plan pentagonal d’origine. Quant aux précieux cycles de peintures, le cardinal embauche les frères Zuccari, Federico et Taddeo, puis Jacopo Bertoja de Parme. Federico Zuccari est lui aussi un artiste passionné d’occultisme. Dans les peintures, on y voit aussi des interventions d’Antonio Tempesta, Raffaelino da Reggio et Giovanni de Vecchi. Tous ces artistes ont fait de la Villa Farnese de Caprarola l’un des exemples les plus significatifs du maniérisme italien. Le complexe monumental de Caprarola a été hérité par les Bourbons en 1731 après l’extinction de la famille Farnese. En 1941, il a été acquis par l’État italien et en 1973 confié à la Surintendance du Ministère du Patrimoine Culturel qui s’occupe actuellement de sa gestion.
Le cardinale Odoardo Farnese
Odoardo Farnese est le troisième enfant d’Alexandre Farnese, duc de Parme et Plaisance, et de Maria di Braganza-Guimarães. Alexandre, le père d’Odoardo est le fils d’Octave et de Marguerite d’Autriche, la fille naturelle de Charles Quint. En 1577 il est envoyé par son oncle Philippe II, le roi d’Espagne, en Flandre comme gouverneur. Odoardo, est un descendant direct du pape Paul III. Étant le cadet de la famille, il est destiné à une carrière ecclésiastique. En 1580, il part pour Rome chez son grand-oncle le cardinal Alexandre Farnese le jeune. Son grand-oncle meurt en 1589 en laissant la moitié de ses biens et ses rentes à Odoardo. Mais le pape Sixte V bloque le testament et s’empare des rentes héritées pour les donner à ses neveux. Trop jeune pour s’opposer fermement, il ne pourra bénéficier des nombreux avantages que son vieil oncle aurait pu lui laisser. Deux ans plus tard, sous le pontificat de Grégoire XIV, le 6 mars 1591, il devient cardinal diacre. C’est le nom donné à chacun des cardinaux qui est chargé, à Rome, d’une des chapelles anciennement appelées diaconies. Il contribue à l’élection du pape Clément VIII et organise le mariage de son frère Ranuccio avec Margherita Aldobrandini, la nièce du pape. Les relations entre la famille Aldobrandini et la famille Farnese étant loin d’être idylliques, elles finissent souvent au tribunal. Au Palais Farnese de Caprarola, Odoardo fait appel à l’architecte Rainaldi.
Le bâtiment de la Villa Farnese de Caprarola
Le bâtiment a une structure massive. Son entrée par un escalier à double volée accessible depuis le haut de la ville offre aux visiteurs des vues spectaculaires sur Caprarola. Les pièces du Palais sont regroupées selon un schéma bien précis, un appartement d’été à l’ouest et un appartement d’hiver plus ensoleillé à l’est. Les structures de services et les habitations des domestiques ont été créées dans l’épaisseur des murs. Le Palais se développe sur cinq étages. En son centre on a une cour circulaire bordée de deux portiques superposés aux voûtes peintes par Antonio Tempesta. A l’intérieur se trouve la fameuse Scala Regia. Une rampe hélicoïdale que le cardinal parcourait à cheval pour se rendre dans sa chambre. Une grande quantité de fresques recouvre les murs des couloirs et des nombreuses salles. Annibal Caro, grand connaisseur du goût du Cardinal Alexandre Farnese le jeune, a inspiré les frères Zuccari dans les sujets mythologiques et ésotériques. La Stalle de l’Aurora est définie par certains comme « un cas de décoration alchimico-hermétique ». Au sous-sol, un grand couloir circulaire facilitait l’arrivée et le départ des calèches et des invités. Au centre de ce couloir circulaire, un immense pilier creux permettait l’évacuation des eaux sales.
La salle des Gardes de la Villa Farnese de Caprarola
Le bâtiment a une structure massive. Son entrée par un escalier à double volée accessible depuis Après une montée triomphante, on arrive devant une façade percée de fenêtres rectangulaires, vraies, fausses, d’arcades rondes, de frontons saillants. Tous ces éléments rompent la monotonie architecturale donnant un rythme à une structure qui annonce l’arrivée du baroque. L’entrée à l’étage des préfets se fait par la Salle des Gardes. Les dimensions énormes devaient assurer le maniement aisé des armes. La décoration représente le propriétaire. Sur la voûte trois armoiries glorifient la famille Farnese, liée entre autres par mariage aux Habsbourg et au roi du Portugal. On voit l’ancien blason de la famille avec les six fleurs de lys dans un champ d’or, au centre celle du cardinal Alexandre et celle de son frère Ottavio, avec les emblèmes de Gonfalonier de l’Eglise. Les parois sont tapissées de vues de la Villa Farnese de Caprarola et du village en rénovation. Les deux grandes fresques peintes en face de l’entrée soulignent l’engagement du cardinal. En effet, Alexandre Farnese était membre d’une commission instituée par Pie IV dont le but était de faire face à la menace turque. A droite, on voit, la libération de l’île de Malte en 1565 du long siège de Soliman le Magnifique, à gauche le départ de la flotte chrétienne de la ville de Messine. La décoration est de Federico Zuccari et de son équipe. Antenore Ridolfi dessine le projet général. Les six paysages fantastiques de la voûte sont du flamand Cornelis Loots. La pièce à côté, aujourd’hui la billetterie, est indiquée dans les premiers plans comme une armurerie. La voûte très restaurée présente un premier exemple de peinture perspective maniériste dont le but est de faire paraître la pièce plus haute.
Appartement d’hiver du Palais Farnese de Caprarola
Les cinq pièces qui suivent composent l’appartement d’hiver du Palais Farnese de Caprarola. Les salles sont disposées sur le côté sud-ouest du bâtiment, autrement dit le côté le plus ensoleillé. Elles ont été décorées par Federico Zuccari entre 1567 et 1569. On y voit des motifs liés à la famille. La salle traditionnellement connue sous le nom de la salle du « Teatro e dei Cigni » reprend la décoration d’un plafond réalisé par Giulio Romano à la Villa Madama de Rome. A l’époque cette villa voulue par les Médicis, était la propriété des Farnese. La présence des armoiries d’Odoacre Farnese parmi les cygnes en vol et la frise aux chapeaux de cardinaux suggèrent une relation entre ces peintures et la nomination à cardinal d’Odoacre Farnese en 1591. Cette date est confirmée par l’affirmation d’un chroniqueur qui en 1578, à l’occasion de la visite du pape Grégoire XIII à Caprarola, constate que les peintures de l’appartement d’hiver sont inachevées. Sur les côtés le long de la voûte sont peintes deux scènes de sacrifices. Dans la salle suivante, le Salotto, la voûte est ornée d’un décor joint avec un panneau central rappelant l’entreprise Farnese de la Vierge à la licorne encadrée de quatre paysages fantastiques. Dans les trois pièces privées, de grandes armoiries se détachent au centre des voûtes ornées de grotesques. L’exécution des peintures est d’une qualité plutôt modeste tant dans la conception que dans l’exécution avec des reprises de thèmes déjà présents dans d’autres pièces de l’édifice.
Visite de la cour interne de la villa Farnese
La cour, pivot de l’édifice, se caractérise par sa forme circulaire. L’idée d’un cercle construit à l’intérieur d’un pentagone apparaît déjà dans le projet initial de la forteresse pensée par le premier architecte, Antonio da Sangallo il Giovane. La forme circulaire a été choisie pour des raisons d’ordre symbolique et ésotérique liées entre autres à l’idée du pouvoir et de l’ostentation. Dans cette idée on a des exemples illustres, comme le palais de Charles Quint à Granada ou dans la Villa Madama à Rome. La cour est bordée par deux arcades superposées. Au rez-de-chaussée, vingt piliers jumelés s’alternent à dix arcs créant un rythme repris dans la loggia de l’étage noble. Les deux étages supérieurs réservés à la famille du cardinal sont en retrait et invisibles d’en bas. L’expédient permet l’harmonie des proportions puisque la hauteur de la cour correspond à son diamètre, environ 20 mètres et dissimule les espaces subsidiaires pour concentrer l’attention sur l’ouverture, la sphère du seigneur. Dans cette logique, l’architecte Vignola a placé les cuisines et les espaces de service sous la cour. Le trou central qui fait office d’impluvium est l’œuvre de Gian Battista de Bianchi. La décoration du portique réalisée entre 1579 et 1581 est probablement d’Antonio Tempesta. Sur la voûte annulaire, les fresques peuplées d’oiseaux et de fleurs dévoilent des brins de ciel. Au mur, une série de quarante-six blasons célèbre les familles apparentées aux Farnese.
Visite de la salle de Jupiter
La précieuse pièce qui ouvre l’appartement d’été à l’origine servait de salon d’honneur. Elle s’appelait la salle de la perspective en référence à la pièce peinte par Baldassare Peruzzi à la villa la Farnesina de Rome, à l’époque propriété des Farnese. Le nom actuel, la salle de Jupiter, est dû au sujet peint sur la voûte. Les sept scènes réalisées de 1560 à 1562 sont liées à l’enfance de Jupiter. Sauvé par sa mère du cannibalisme de son père Cronos, le petit dieu est confié aux nymphes de Crête. Il est élevé sur le mont Ida, nourri grâce à la chèvre Amalthée. La bête sera plus tard récompensée par Jupiter qui va la transformer en une constellation. Le mot chèvre en italien se dit capra. Il est évident qu’on a voulu créer un lien entre Caprarola, village fondé par des gardiens de chèvre, et le mot capra. Le choix de Jupiter fait allusion au cardinal, qui a dû fuir Rome après la mort de son père pour échapper aux ennemis de son père. La petite ville Caprarola lui a offert l’asile et est donc destinée à recevoir sa récompense. Les fausses architectures sur les murs conçues par Vignola et peintes par le G.B. Fiorini agrandissent l’espace de la pièce de manière illusoire. La pièce célèbre les arts et les disciplines liés à l’architecture par les statues peintes dorées qui nous regardent depuis les niches.
Visite de la chambre du Printemps de la Villa Farnese
La chambre du printemps est la première d’une série de pièces dédiées aux saisons. Et, selon la tradition ancienne, on fait coïncider le début de l’an avec le réveil de la nature, le printemps. Les saisons habituellement représentées par des femmes et des hommes ici prennent la forme d’enfants nus aux symboles insolites. Le garçon qui incarne le printemps a la tête ornée de myrte, une plante sacrée à Vénus. Peut-être est-ce une allusion aux amours printanières et à la vitalité saisonnière. D’autres détails du tableau semblent renvoyer aux mêmes thèmes, tandis que trois lys bleus tenus par un putto sont les lys des Farnese. Le cor au premier plan d’où s’échappent des vapeurs symbolise peut-être le sommeil favorisé par la saison. Sur les quatre parois on voit, l’enlèvement d’Europe qui a eu lieu au printemps et l’enlèvement de Proserpine, symbolisant le réveil cyclique de la nature. Les deux autres scènes, les métamorphoses de Protée et le combat d’Hercule contre Acheloos font allusion à la variété de la nature. Le dieu fleuve Achéloos et Protée avaient le pouvoir de changer d’apparence facilement. Dans la scène où Acheloos est représenté, il apparaît sous forme d’un taureau auquel Hercule arrache une corne. Les deux se disputent la même femme Déjanire. Comme celle d’Amalthée, la corne d’Acheloos sera également transformée par les nymphes en corne d’abondance. A travers les images des cornes et des cornes d’abondance on continue la glorification de la chèvre. On trouve ces allusions dans les salles suivantes.
L’escalier du Palais Farnese de Caprarola
Joyau de l’architecture du XVIe siècle, l’escalier déjà célébré par les contemporains comme un chef-d’œuvre de l’architecte Vignole, a souvent été imité. L’aspect le plus original de la structure est dans sa forme hélicoïdale. Généralement, les escaliers en colimaçon des palais nobles étaient des passages de service parcourus par les gardes et les serviteurs. Ici, il est employé de manière inhabituelle, Vignola, transforme complètement cette idée en créant un somptueux escalier représentatif. Il se compose de trente colonnes doriques en « peperino » flanquées deux par deux. Les marches ont une bande de roulement large pour monter à cheval ou en chaise aux porteurs. L’escalier part du sous-sol, où arrivaient les carrosses, et se prolonge jusqu’aux deux étages supérieurs. Le premier étage est l’étage des Prélats et le deuxième est l’étage noble où arrivaient les invités. Même s’il s’inspire de l’escalier de l’architecte Bramante au Vatican, les marches confortables, la balustrade, la coupole, l’éclairage savant et la décoration précieuse en font une œuvre unique. Une riche décoration se déploie le long des parois. Elle introduit ceux qui montent dans le monde magnifique du propriétaire du palais. Si les paysages fantastiques visent à ravir, les nombreux lys préparent l’apothéose du dôme, où le cardinal est célébré par une allégorie complexe qui s’articule autour des armoiries du cardinal. Parmi les auteurs de la décoration figure Antonio Tempesta à qui on doit les magnifiques paysages. Par contre, le peintre du dôme reste encore inconnu.
Le déambulatoire de la Villa Farnese de Caprarola
Par un petit vestibule, l’escalier royal débouche sur un portique qui tourne autour de la cour au niveau du premier étage. Ce couloir annulaire sert de liaison entre les pièces principales de l’étage noble, les jardins et le petit escalier de service qui monte aux étages supérieurs. Les fresques ont été réalisées entre 1576 et 1577, peut-être sous la direction d’Antonio Tempesta. Elles se composent essentiellement de motifs à grotesque. Sur les murs figurent des panneaux avec des paysages, des scènes monochromes et de nombreux oiseaux. La principale caractéristique du déambulatoire était due à la présence d’une série de bustes des douze Césars. Ils furent réalisés par Giovanni Battista de Bianchi. Les bustes de dix empereurs étaient placés dans les niches le long du mur circulaire et ceux des deux derniers Titus et Domitien étaient logés dans les niches au-dessus des portes des salles principales. Ces bustes ont été transférés au Palais Farnese à Rome en 1861. Le roi François II de Bourbon les a fait prélever par l’architecte Antonio Cipolla.
Visite de la loggia d’Hercule
Suit une grande loggia percée par cinq grandes fenêtres dominant Caprarola et la plaine qui s’étend jusqu’à Rome. Au plafond est représentée la légende de la naissance mythique du lac de Vico, près de Caprarola. On raconte qu’Hercule passant par les monts Cimini aurait aidé les bergers qui se plaignaient du manque d’eau pour les troupeaux. Le héros plante alors un lourd pieu dans la terre, l’enlève et laisse couler l’eau qui donne naissance au lac. Par gratitude, les bergers vont ériger un temple en son honneur sur le mont Vénus. On voit aussi Hercule qui tue l’hydre de Lerne et le taureau de Crète. Les dix vues sur le grand mur représentent les principales possessions des Farnese. Sur le mur court on a les villes de Castro et Ronciglione et au-dessus de la porte les capitales du duché de Parme et Plaisance. A droite de la fontaine, un homme tient un livre à la main, c’est probablement Fulvio Orsini, bibliothécaire et antiquaire des Farnese, certainement l’auteur du programme pictural. Quand la fontaine, une œuvre de Curzio Maccarone ou Curzio delle fontane, fonctionnait, l’eau sortait du vase d’un putto endormi. Le fond de la fontaine revêtu de stucs et de mosaïques est de Francesco da Tivoli ou du jeune El Greco. Les six statues d’angelots sont en partie antiques.
La chapelle du palais de Farnese
L’espace circulaire de la chapelle qui correspond à l’espace occupé par l’escalier royal, communique avec le portique par une petite sacristie. L’atmosphère à l’intérieur, marquée par l’utilisation raffinée de la lumière qui filtre à travers les vitraux, invite le visiteur à une approche spirituelle du Palais et surtout des appartements du Cardinal. Le pavement conçu par Vignola enrichi des lys Farnese est la projection de la voûte sur le sol. On doit la réalisation des fresques à Federico Zuccari qui en septembre 1566 prend la place de son frère Taddeo décédé quelques jours plus tôt. La voûte est magnifiquement décorée de peintures avec des scènes de l’ancien testament. La voûte est ornée de stucs méticuleusement réalisés dont le but est d’augmenter la profondeur et mettre en évidence les scènes. Dans le cercle central, Dieu crée le monde. Il a le geste du dieu créant l’homme de la chapelle Sixtine au Vatican. Sur le mur circulaire les douze apôtres grandeur nature accompagnent Saint Jean et Marie au tombeau. Parmi les portraits, on reconnaît le visage de Taddeo Zuccari en Juda Taddeo et celui de Vignola sous les traits de Saint Jacques Majeur. La Pietà qui domine l’autel est une réplique de Federico Zuccari. Celle de Taddeo conçue pour cette chapelle, le frère a voulu la garder pour lui. Les vitraux et les douze apôtres sont l’œuvre d’un certain Robert le Flamant, un artiste actif dans le bâtiment en tant que peintre.
La salle des Fastes Farnese
La salle des fastes est dédiée à l’exaltation dynastique du cardinal, comme dans le salon du Palais Farnese à Rome ou dans la salle des Cent Jours du palais de la Cancelleria, la résidence romaine du cardinal. C’est le salon d’honneur, décoré avec beaucoup d’or et de stucs. Dans cette salle, le Cardinal Farnese a voulu relater les événements marquants de l’histoire de la famille. Les épisodes de la montée au pouvoir ont été peints sur la voûte. Les ancêtres de la famille ont construit le bien-être de leurs descendants brique par brique, acquérant de nombreuses propriétés et des châteaux dans le nord du Latium grâce au soutien qu’ils ont apporté dans les guerres pour la défense de l’Église. L’élection de Paul III est le moment décisif, le début d’une ascension extraordinaire, cependant pas tout à fait digne d’orgueil. Sur les murs on voit les événements qui coïncident avec la splendeur maximale atteinte au XVIe siècle. La grande histoire européenne est intimement liée à celle des Farnese, par les mariages avec l’empereur Charles V et la famille royale de France. De gauche à droite : Le mariage d’Ottavio Farnese (frère cadet) avec Marguerite d’Autriche, fille naturelle de l’empereur Charles V. Ensuite le mariage d’Orazio Farnese (un autre frère) avec Diane de Valois, ensuite, la guerre contre les protestants. Sur le mur du fond, de gauche à droite : Pier Luigi Farnese nommé capitaine de l’Église par son père, le pape. Au milieu, le portrait d’Henri II de France (fils de François Ier). À droite : Orazio Farnese nommé préfet de Rome. Tous les détails ont été fournis aux peintres Taddeo Zuccari et ses collaborateurs par les intellectuels au service du Cardinal.
Anti Chambre du Concile
Cette pièce marque le passage du salon d’honneur aux espaces plus intimes. Elle introduit progressivement l’appartement d’été. La décoration continue avec le thème de l’exaltation dynastique, qui tourne autour du Paul III, responsable de la fortune familiale. Sur les murs on représente les épisodes saillants du long pontificat de Paul III. Les thèmes sont les menaces turques, le schisme anglican ou la réforme luthérienne. La salle tire son nom de la fresque sur le mur face à la fenêtre. Elle représente le Concile de Trente (1546 – 1563) convoqué par Paul III en réponse aux protestants. Les figures féminines au-dessus des portes personnifient les vertus qui ont fleuri à l’ombre de Paul III. Elles ont été conçues par Annibal Caro et Fulvio Orsini sur des modèles de monnaies anciennes de la collection du cardinal. Onofrio Panvino est l’inventeur des scènes historiques et des inscriptions associées. La décoration se distingue par les stucs précieux à effet camée et par le schéma de composition basé sur un système architectural illusionniste conçu et créé par Vignola, à qui l’on doit les colonnes corinthiennes peintes aux angles comme support idéal pour les architraves en faux marbre. Une solution qui a été célébrée par les contemporains.
Visite de la salle de l’Aurore
La salle de l’Aurora ouvre la séquence des chambres privées de l’appartement d’été. Cette pièce, avec l’Anti chambre du Concile, introduisent, en un degré croissant, à l’intimité de la chambre à coucher. Les pièces sont plus petites que les chambres représentatives. Les chambres ont des murs nus. Autrefois les parois étaient couvertes de précieux tissus en soie ou en cuir vendu aux enchères par les Farnese en 1681. Dans cette pièce conçue comme la chambre à coucher, les personnifications, les mythes ou les divinités allégoriquement sont liés aux thèmes de la nuit et aux images qui inspirent le sommeil et le mouvement perpétuel du réveil et du repos qui se répètent chaque jour. Dans l’ovale central, l’Aurore surgit du côté de la fenêtre et, annoncée par le crépuscule, met la nuit en fuite. Sur les côtés la Lune et Mercure, qui descendent vers la terre pour instiller le sommeil. Toujours dans l’ovale central on voit le Crépuscule qui tourne ses deux flambeaux l’un vers la nuit et l’autre vers l’Aurore. Sur les côtés se trouve la Lune, sur un char tiré par des bœufs et Mercure tient un caducée dans sa main. Les fausses architectures, peut-être peintes par Vignola, renforcent la fiction perspective, donnant l’illusion que la salle est plus haute. Le programme iconographique est d‘Annibal Caro. C’est lui qui a fourni aux peintres des indications précises sur les sujets à représenter. La longue lettre d’instructions laissée au peintre Taddeo Zuccari a été publiée par Giorgio Vasari. Une partie importante de l’ovale avec Aurora est tombée plusieurs fois déjà à la fin du XVIIIe siècle. L’ovale actuel, est l’œuvre d’un remake du peintre Andrea Giorgini sous la direction de Vincenzo Camuccini.
Visite de la salle dei Lanefici
La chambre relie l’appartement d’été à la cour et au jardin. Les documents la décrivent comme « faite pour s’habiller ». Tant l’emplacement près de la chambre à coucher que le thème de la décoration confirment en effet sa fonction de dressing. Une résidence aussi riche et complexe que celle du Palais Farnese de Caprarola, ne pouvait manquer d’avoir une salle réservée à la conservation et à la création des vestes et des vêtements de Cardinal. Dans cette salle, le thème est attribué à Annibal Caro. Les personnages sont liés au tissage comme la mythique Arachné transformée en araignée et destinée à tisser perpétuellement parce qu’elle avait osé défier Minerve. Sur la voûte et dans les lunettes, les scènes racontent le premier tissage des vêtements, la découverte des couleurs et des étoffes. Surtout, le violet, une couleur si précieuse qu’elle devient l’exclusivité des riches et très hauts prélats. Dans l’image centrale se trouve Minerve, inventrice des techniques de la transformation de la laine. Elle est en train d’enseigner aux hommes l’usage des vêtements. Pour la remercier, les humains l’honorent avec des offrandes. La fresque octogonale sur le côté de la cheminée est dédiée à la découverte de la couleur pourpre par Hercule et Tyro. Un sujet pertinent étant donné que le pourpre est la couleur des cardinaux.
La salle de la solitude des philosophes de la Villa Farnese à Caprarola
La salle de la solitude des philosophes est un vrai éloge à la solitude. Elle s’inspire au « De Vita Solitaria » de Pétrarque. Cette pièce était le bureau du cardinal. La signification des fresques comme pour la salle Aurora est clarifiée par une lettre d’Annibal Caro dans laquelle le savant « discute des astuces pour peindre le bureau de Monseigneur Illustrissime Farnese ». Onofrio Panvinio a également participé au programme iconographique de cette pièce. La présence d’une salle dédiée à la solitude, placée d’ailleurs entre la loge et le « Torrione », est lié à la nécessité d’un isolement total, pour mieux méditer avec sérénité. Les panneaux principaux de la voûte représentent deux conceptions différentes de la solitude. Pour les chrétiens, la solitude est un moyen de fortifier l’esprit, pour les païens c’est une aspiration philosophique. Au-dessus de la cheminée le Christ, saint Paul et saint Jean sortent de la solitude pour prêcher. En face, les personnages représentés, les philosophes évitent dédaigneusement tout contact avec le monde. Un néoplatonicien s’arrache les yeux et un cynique jette des pierres sur les curieux. Dans les petits cadres, on trouve les portraits de ceux qui célébraient la solitude. Ce sont des poètes, des philosophes, des ermites, y compris des souverains qui ont abandonné le trône comme Dioclétien et Charles Quint. De nombreux animaux symbolisant la solitude sont présents (le moineau solitaire, le lièvre et l’aigle) ou symbolisant le concept de contemplation et d’élévation de l’esprit (l’éléphant, le pégase, le serpent). Le pélican blanc qui nourrit ses enfants avec ses entrailles est synonyme du sacrifice de soi.
Visite guidée de la salle de l’Hermathène
Que cette pièce est le studio personnel du cardinal est confirmée par les sources, par la petite taille de la salle et par sa position isolée. Ces éléments font de cette petite salle un espace intime propice à la méditation. Le grand rond au centre, considéré comme l’un des meilleurs travaux de Federico Zuccari, représente un être androgyne formé par la fusion de Mercure et de Minerve. Ce personnage androgyne est Hermathène. La figuration symbolise l’union de l‘éloquence et de la sagesse et bien que rarement représentée, elle a souvent été évoquée dans les milieux humanistes. C’est Cicéron qui fut le premier à utiliser cette figure pour décorer sa propre Académie. Il est possible qu’Alexandre Farnese ait demandé ce sujet pour souligner son rôle dans la prestigieuse institution d’études humanistes dont il était le patron, l’Accademia Bocchiana bolognaise. Cette Académie avait comme symbole Hermathène. Dans les écussons aux angles de la voûte sont représentés des objets relatifs aux sciences et aux arts qui, selon certaines lectures, feraient allusion aux inventions de Mercure et de Minerve. Des peintures avec des paysages antiques sont insérées dans les lunettes. On reconnaît dans l’un de ces paysages le Serapeum de la Villa Adriana à Tivoli. Dans un autre épisode on voit Ulysse et les sirènes, un hymne au désir de savoir. Le « Gabinetto dell’Ermatena » peut avoir été un studio lié à l’alchimique. Au centre du plafond Hermès et Athéna sont unis en un seul corps, comme le «Rebis» des Alchimistes, pour représenter l’union entre la Sagesse et l’Éloquence. Peint en 1566 par Federico Zuccari et son atelier, cette petite salle est pleine de contenus symboliques, proposés par le bibliothécaire au service du cardinal Fulvio Orsini. En sortant de la pièce on entre dans un petit couloir très particulier, car la voûte représente une pergola identique à celle que Léonard de Vinci a peinte au Castello Sforzesco de Milan.
Salle du Torrione de la Villa
La salle de la tour est installée dans le coin nord-ouest du bâtiment tout en haut. La chambre de la Tour est située entre les appartements d’hiver et d’été. C’est la seule à s’élever au-dessus des toits du Palais. Elle est le sommet du pentagramme étoilé et elle correspond donc à la tête d’un hypothétique personnage inscrit dans un Pentacle qu’on associe à Mars. Ce symbole est non seulement synonyme de violence, mais aussi d’audace, d’action et de dynamisme. Il indique un personnage sans scrupule et entreprenant de la famille Farnese qui est à l’origine de cette politique de puissance. La chambre dispose d’un impressionnant plafond en bois de cèdre du Liban. Le plafond à caissons est divisé en plusieurs compartiments qui forment une sorte de croix grecque au centre. Cette pièce se cache dans la zone la plus intime des appartements du cardinal, où il gardait probablement les objets les plus secrets de ses étonnantes collections. Cette pièce est la seule à avoir été peinte à fresque par un peintre étranger et flamand, Bartolomeo Spranger, l’un des nombreux artistes avec lesquels le cardinal aimait s’entourer. Bartholomeus Spranger, né à Anvers, 21 mars 1546, est un peintre, dessinateur et graveur maniériste flamand actif à la cour Prague de Rodolphe II. Il était l’un des principaux représentants du Maniérisme du Nord. Arrivé à Rome en 1566, il entre au service du cardinal Alexandre Farnese. C’est à la demande du cardinal et sous la direction de Federigo Zuccari que Spranger exécute des fresques de paysages au palais Farnese de Caprarola en 1570.
La salle de la Pénitence
La Salle de la pénitence est la pièce de passage qui s’ouvre aux chambres qui composent l’appartement d’hiver. C’est à partir de cette pièce que Federico Zuccari, auteur du plafond, en désaccord avec le cardinal, est remplacé par Jacopo Zanguidi appelé le Bertoja. Il a un style plus proche de celui de Taddeo Zuccari. Après la mort d’Onofrio Panvinio (1568), le cardinal Farnese fait appel au cardinal Guglielmo Sirleto, spécialiste de l’histoire de l’Église. C’est à lui qu’il confie le programme iconographique des chambres d’hiver. Le cardinal Sirleto reprend le thème de la méditation, déjà introduit dans la salle de la solitude des philosophes mais ici les penseurs sont remplacés par des saints. Les saints proposés sont des modèles de vie monacale, réaffirmant la valeur du monachisme et de la vie contemplative remis en cause par les protestants. Sur la voûte on voit la croix du Christ avec la couronne d’épines. La Rédemption chrétienne représentée par la Croix du Christ peinte sur la voûte, est le point focal de cette pièce. Les quatre saints représentés sur les quatre parois sont Saint Paul le premier ermite, Saint Antoine l’Abbé, Saint Macaire, Saint Pambone. Tous sont accompagnés d’une petite phrase en latin qui les distinguent. Les autres séries de saints, représentés dans les huit petits ovales, également accompagnés de devises, sont interprétés comme ceux qui, qui réitèrent la dissociation de l’âme de la vie et des biens matériels, voire du corps lui-même, au profit de l’âme.
La salle des Jugements
Le thème affronté dans cette pièce est lié aux jugements des hommes qui vivent dans la grâce de Dieu. Cette chambre joue certainement un rôle important dans la vie du palais et en particulier dans les questions délicates auxquelles Alexandre Farnese devait continuellement faire face. Décorée de 1569 à 1571 par le peintre Bertoja, on pense que le cardinal devait accorder des audiences dans cette salle. Et ceci parce que la salle communique avec l’extérieur, avec les jardins. En un mot les personnes qui venaient voir le cardinal pouvaient entrer et sortir sans passer par les autres pièces du palais Farnese de Caprarola. En plus les décorations sont toutes liées aux thèmes de la justice et de la sagesse divine qui sont nécessaires pour bien gouverner. Au centre de la voûte se trouve le traditionnel Jugement de Salomon. La présence des armoiries Farnese peut être une raison claire pour célébrer la justice rendue par la famille Farnese, dans le plein respect des lois de Dieu. Aux quatre coins de la voûte, les épisodes illustrent les conséquences de l’obéissance ou de la désobéissance aux lois de Dieu. D’un côté on voit deux épisodes de châtiment, de l’autre la construction d’édifices dédiés au Seigneur.
La salle du Mappemonde de la Villa Farnese de Caprarola
C’est avec la salle des Faste Farnese une des pièces les plus grandes du palais. Le globe est représenté avec les détails surprenants des terres découvertes. Sur les murs se trouvent d’extraordinaires cartes géographiques peintes par Vanosino sur la base d’indications que De Marij qu’il avait puisées à la fois dans des sources littéraires et cartographiques. Le cardinal Farnese s’est servi de son conseiller Fulvio Orsini et Giovanni Antonio da Varese dit « il Vanosino », assisté de Raffaellino Motta da Reggio et Giovanni De Vecchi. Le Vanosino, avait déjà créé une « cosmographie » dans une Loggia au Vatican. Bien sûr on a consulté les cartes des grands navigateurs, Amerigo Vespucci, Ferdinando Magellano, Marco Polo, Cristoforo Colombo et Ferdinando Cortez. Mais, malgré de nombreux détails, ces cartes ne manquaient pas d’imprécisions. Donc, il a fallu une mise à jour ultérieure. Sur la voûte se dessine la carte du ciel. Le zodiaque et les douze signes sont représentés à l’aide d’animaux fantastiques et mythologiques. Sur les panneaux qui entourent la voûte, délimitée de stucs, des allégories mythologiques des signes du zodiaque sont peintes à fresque. En reliant mentalement les points qui brillent sur la voûte les figures, plus ou moins grandes, d’animaux ou de personnages mythiques, que nous connaissons sous le nom de constellations, prennent forme.
Sur les murs de la salle de la Mappemonde
Sur le mur du fond se dresse le planisphère entouré de têtes d’angelots en train de souffler, une allusion aux vents. Sur les longs murs sont peintes les cartes des quatre continents connus à l’époque alors que la partie opposée au planisphère est consacrée aux patries du christianisme et de l’église, la Judée et l’Italie. Elles aussi sont accompagnées de leurs personnifications. Les portes et les fenêtres sont dominées par les portraits des explorateurs les plus illustres. Les cartes sont accompagnées d’une échelle en miles peinte en or comme les tracés des fleuves et le bord des côtes. Peu de concessions ont été faites aux éléments décoratifs, dans le respect du caractère scientifique des représentations. Navires, baleines et animaux fantastiques sont là pour souligner les terres moins connues. En 1578, la salle a accueilli le pape Grégoire XIII pour un banquet. Peu de temps après le pape Grégoire XIII a fait peindre la galerie de cartes géographiques aux musées du Vatican. Avait-il été impressionné par la salle du Mappemonde du palais Farnese de Caprarola?
Visite de la salle des Anges
Dans cette salle du Palais Farnese de Caprarola, riche en stucs et couleurs, on voit la victoire du bien sur le mal. La pièce est dédiée aux anges ici représentés comme instruments de la puissance et de la justice divine. Sur les murs et dans les lunettes, les anges annoncent et exécutent la volonté du Seigneur. Il est bienveillant envers les justes, mais sévère envers les méchants. Le programme iconographique à la valeur de propagande. Il est lié au Concile de Trente. L’idée du triomphe du bien sur le mal est bien illustrée par l‘Expulsion des Anges rebelles peint sur la voûte. Là se déroule la lutte sanglante entre les anges fidèles à Dieu et les anges révoltés. On les voit précipiter en enfer. La lutte implique l’affrontement d’un ange contre un démon, comme dans le couple ange-démon de Michel-Lucifer. On voit aussi une femme dans le rôle d’un ange rebelle. Mais, contrairement à la plupart des démons représentés, elle n’a pas l’aspect révoltant des anges rebelles. Elle supplie son bourreau, alors que ce dernier est sur le point de porter le coup fatal. Les fresques du plafond et des lunettes sont dues à Bertoja. Il a laissé son autoportrait sur la voûte. C’est le démon à mi-corps aux longues oreilles dépassant d’un nuage. La mort prématurée du peintre lui empêcha de compléter son œuvre. La voûte a été terminée en 1575 par Giovanni de Vecchi avec l’aide de Raffaellino da Reggio. La salle est également connue pour les effets acoustiques dans le but d’épater les convives.
La salle des rêves
La chambre des rêves était une des chambres à coucher du cardinal, son refuge nocturne. C’est la chambre d’hiver du cardinal en étroite relation avec la chambre de l’appartement d’été (chambre de l’Aurore). La tâche d’évoquer la nuit et le repos est ici confiée à des sujets bibliques. Toutes les décorations sont encore dues au cardinal Sirleto. Les scènes peintes sont tirées de l’Ancien Testament et concernent des rêves et des événements survenus pendant le sommeil des protagonistes. On voit la création d’Ève à partir de la côte d’Adam endormi ou le coupage des cheveux de la part Dalila sur Samson endormi. Les rêves prémonitoires contiennent parfois des messages explicites, comme dans le rêve de Jacob. D’autres fois les rêves nécessitent l’intervention d’interprètes comme Joseph ou Daniel. Les fresques évoquent un lien avec les forces célestes à travers les anges messagers en contact avec les incertitudes terrestres. Et c’est précisément en raison de ces incertitudes qu’Alexandre devait rêver de sérénité et de prospérité. La frise monochrome qui entoure l’ovale central, l’élégance des personnages en mouvement font de cette pièce le chef-d’œuvre du peintre Bertoja. Le paysage qui sert de toile de fond au rêve de Jacob est du peintre flamand Cornelis Loots. La chambre est desservie par un escalier en colimaçon creusé dans l’épaisseur du mur qui conduit à une petite salle de bain. La toilette a un précieux plafond à caissons qui reproduit en miniature un plafond du palais ducal de Mantoue.
Visite des jardins de la Villa Farnese de Caprarola
Près des appartements de l’étage noble, deux jardins se déploient reliés par des ponts qui enjambent le fossé. Deux carrés géométriques, l’un orienté au sud-ouest et l’autre au nord-est, un jardin d’hiver et un jardin d’été, chacun en correspondance les appartements relatifs. Conçus par l’architecte Vignola et construits vers 1583, ils se caractérisent comme des jardins secrets. Ils sont entourés de hauts murs qui les isolent de l’extérieur. Tous deux ont des nymphées comme décors scénographiques. Dans le jardin d’été on voit le nymphée de Vénus dans le jardin d’hiver s’ouvre la grotte des Satyres, entre les deux , s’installe le nymphée du Berger. Plus haut sur les pentes de la colline, un autre lieu de délices a été créé, initialement né comme un casino de chasse. Entre 1584 et 1589, Jacopo del Duca et Giovanni Antonio Garzoni ont réalisé un système de terrasses et de fontaines. Quelques décennies plus tard, Girolamo Rainaldi, pour le cardinal Odoardo Farnese, a créé d’autres jardins, de nouvelles pièces d’eau et l’enceinte des cariatides où la présence du père de Gian Lorenzo, Pietro Bernini, en tant que sculpteur est attestée. Les Jardins à l’italienne s’étendent au sein d’un vaste ensemble monumental, depuis les jardins à proximité du Palais, jusqu’au-delà de la sapinière argentée où le spectacle explose de sculptures, fontaines, pièces d’eau, labyrinthes de buis.
Notes
- Caprarola est à 60 kilomètres de Rome on peut s’y rendre en bus ou en voiture.
- L’entrée est de 5 euros par personne gratuit pour les moins de 18 ans
- Ouvert tous les jours sauf le lundi
- Pour réserver vos visites écrivez à arterome2@gmail.com ou téléphonez au +393479541221