Une église à visiter
Au croisement de via Milano et de via Panisperna, près du ministère de l’Intérieur se dresse l’église de saint Laurent in Panisperna que nous aurons le plaisir de découvrir lors de la visite guidée du quartier Monti. Selon la tradition, l’église de saint Laurent in Panisperna aurait été bâtie sur le lieu du martyre du diacre Laurent. Condamné en 257 après JC par l’empereur Valérien, sa mort fut atroce, il aurait été grillé. Au début, au IVe siècle, ce n’est qu’un simple oratoire dédié au saint. Sous le pape Grégoire II, au VIIIe siècle, on finit par construire une église. Pendant un certain temps, au IXe siècle l’église s’appelle saint Laurent in Formosa, en hommage au pape Formosus. En l’an 1300, sous le pape Boniface VIII on rebâtit l’église et plus tard en 1575 sous le pontificat de Grégoire XIII, le cardinal Sirleto, finance la reconstruction. On y accède par un double escalier datant de 1893 qui surmonte de dénivelé causé par la construction de via Milano qui a fini par coupé en deux le jardin du couvent qui flanquait l’église.
Visite de saint Laurent in Panisperna
La double rampe d’escaliers mène à une cour bordée d’arbres et de maisons médiévales. Cet ensemble est un modèle qui survit dans de nombreux centres du Latium et qui donne à la cour un aspect rural. La façade de 1574 est l’œuvre de Francesco da Volterra. Elle est divisée en deux ordres, elle est marquée par des pilastres et fermée par un petit tympan. Le portail est élégant. L’intérieur de l’église a une seule nef, avec une voûte en berceau et trois chapelles de chaque côté. L’église de saint Laurent in Panisperna n’est pas bien grande. Mais à peine entré on est impressionné par l’énorme fresque qui se dresse sur l’autel. L’œuvre, le « Martyre de saint Laurent », est d’un artiste maniériste de la fin du XVIe siècle, Pasquale Cati. On y retrouve quelque chose du dernier jugement de Michel-Ange. Sur la voûte, s’étale la « Gloire de saint Laurent », une fresque d’Antonio Biccherai. A gauche du maître-autel se trouve un beau crucifix en bois qui date du début du XVe siècle. Tandis que dans la deuxième chapelle à gauche on voit un beau sarcophage du IIIe siècle. L’église possède un simple clocher de la Renaissance en brique inspiré des modèles médiévaux, il n’est cependant pas visible de l’exterieur.
Les oeuvres
La fresque qui domine le maître-autel est la plus grande des fresques romaines après celle du Jugement dernier de Michel-Ange. Sur la peinture, différents moments de la vie de Laurent sont représentés. Partant d’en bas, Laurent posé sur le flanc, brûle sur le gril entouré de soldats. Au centre, Laurent est amené au martyre. En haut, Laurent face à l’empereur Valérien, est jugé. Revenons à l’église. Sur la nef de gauche, la deuxième, on entre dans la chapelle de sainte Brigitte. Une grande toile avec la sainte à genoux devant le crucifix trône sur un autel. De la bouche du Christ, part un rayon de lumière. Il illumine le visage de la sainte, alors qu’un ange indique de sa main gauche la sainte tout en tenant de l’autre main le livre de révélations écrit par Brigitte. Sur la parois à droite de l’autel, on voit un sarcophage qui servait de cercueil de la sainte. Brigitte fut enterrée dans l’église de saint Laurent in Panisperna car elle y venait souvent prier. Dans la nef de droite sur l’autel de la chapelle de saint Crispino et de saint Crispiniano, une toile du XVIIIe siècle de à Gian Francesco Romano nous parle d’eux. Ces deux frères n’étaient pas des soldats mais des cordonniers, martyrisés parce que chrétiens. Ils sont souvent représentés avec une chaussure en main ou des instruments de cordonniers car ils sont les saints protecteurs.
Un couvent, une université
Pendant longtemps, à Rome, l’enseignement de la physique est lié à la politique culturelle des papes. Le Studium Urbis est la première université fondée en 1303 par le pape Bonifacio VIII, pas loin du Panthéon et du Collège romain (institution jésuite) près de la voie du Corso. Avec l’Unité d’Italie on éprouve la nécessité de créer une institution laïque. En 1873, Le monastère des Clarisses qui se trouvait à côté de l’église de saint Laurent in Panisperna, est exproprié pour y bâtir les facultés scientifiques de l’Université de Rome dont celle de Physique. En 1880 les facultés scientifiques de l’Université de Rome s’installent à via Panisperna. Les bâtiments sont conçus et soignés par l’architecte Blaserna. Pendant les années, la direction de l’institut de Physique est confiée à Orso Mario Corbino. Il établit la première chaire de physique théorique en Italie, à Rome en 1926. Il fait appel à Enrico Fermi, Franco Rasetti… C’est ainsi que nait les « ragazzi di via Panisperna » ce groupe de jeunes enseignants et étudiants qui ouvriront la porte à l’énergie atomique.
Saint Laurent
Selon la tradition, l’empereur Valérien (253-260) par deux édits, celui de 257 et de 258, s’en prend aux adeptes du christianisme. Suite à cela, le pape Sixte II est arrêté. Sur le chemin du martyre saint Laurent dit à Sixte « Où vas-tu, père, sans ton fils ? », le pontife lui répond « Je te quitte et dans trois jours tu me suivras d’un martyre plus glorieux, va donc et sans tarder, tu partages les trésors de l’Église, en les distribuant aux pauvres ». Laurent obéit. Le matin du 7 août, Laurent est arrêté pour avoir distribué des biens aux pauvres. Il est battu avec des barres de fer, puis il est laissé sur un tas de bois et recouvert de scorpions. Le 10 août, ses geôliers reçoivent l’ordre de l’exécuter et après maintes tortures il est ligoté sur une grille de fer et brûlé à petit feu. Et là, alors qu’il se meurt, il fixe le centurion et il lui dit « retourne-moi, car de ce côté je suis bien cuit et bon à manger. Dans la crypte de l’église par une petite porte latérale on accède à la pièce du four où a eu lieu la mise à mort de saint Laurent.
Les églises dédiées
Saint Laurent est très vénéré à Rome et, plusieurs églises lui sont dédiées, six exactement. Ceci prouve l’importance du personnage. D’ailleur il est le troisième saint patron de la ville après saint Pierre et saint Paul. En tant qu’églises, d’abord on a la basilique de saint Laurent hors les murs édifiée sur sa tombe. Terriblement bombardée lors de la deuxième guerre mondiale la basilique est juste à coté du grand cimetière de Rome. Ensuite on a l’église de saint Laurent in Lucina où est conservée la grille ou le saint aurait trouvé la mort. Selon la tradition, l’église de saint Laurent in Damaso a été construit pour la première fois par le pape Damase dans sa maison vers l’an 380. Tandis que l’église de saint Laurent in Miranda est batie à l’endroit où le saint a été condamné à mort. En fait l’église s’installe dans le temple de Antonin et Faustine au Forum Romain. Puis l’église de saint Laurent in Fonte construite sur la maison prison du centurion Ippolito. Ippolito fut baptisé par le diacre Laurent, qui fit jaillir miraculeusement une source, encore visible dans le sous-sol de l’église. et pour finir l’église de saint Laurent in Panisperna dont on vient de parler.
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